Notre rencontre de travail vers l’interconvictionnel de ce dimanche avec Mano Siri, un compte rendu subjectif

Nous avons été bouleversés par les événements de janvier. L’interconvictionnel et la pédagogie étaient déjà centraux dans notre pensée et dans nos projets, à moi en tant que rabbin, à la communauté dans son histoire, et à un grand nombre de ses membres à titre personnel. Nous sommes aujourd’hui engagés dans une volonté d’ouverture et de développement, de mise en commun de nos forces et de nos savoirs dans ces domaines.

Ce texte est une collection de pensées liées à notre discussion de ce dimanche. Pour accéder au texte préparé par Mano Siri, cliquez ici.

Ce dimanche 25 janvier, nous avons eu notre première session avec Mano Siri à Ganénou. Mano est la mère de trois filles dont la dernière a célébré sa Bat Mitsva cet automne, elle est la Présidente de la Commission Culture de la LICRA et elle est professeure de philosophie dans des classes très concernées par les problématiques actuelles.

Je voulais partager quelques éléments de ce que j’ai retenu et pensé au cours ce cette session, de façon assez subjective, dans le but peut-être de faire le lien avec la session suivante, de permettre à chacun de s’exprimer ou de partager. N’hésitez pas à laisser des commentaires.

Nous étions 20/25 dans la bibliothèque ce dimanche, dans une belle mobilisation suite à la réunion du dimanche précédant. Notre groupe comprenait des parents d’enfants du talmud torah, et aussi des membres de la communauté, d’âges divers, des jeunes.

Mano Siri avait amené quelques exemplaires de son livre, « 100 mots pour se comprendre contre le racisme et l’anti-sémitisme », livre qu’elle a codirigé avec Antoine Spire car le parti-pris de ce livre est d’avoir des auteurs différents.

L’idée est que le dialogue nécessite le fait de pouvoir entendre où se situent nos interlocuteurs. On entend mieux quand on est sûr de sa capacité à répondre dans la sérénité, et la définition des mots est la base de cette confiance et du recadrage du dialogue.

Le mot dont nous sommes partis est le mot ‘blasphème’. Nous en avons repris la définition selon l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert, nous avons parlé de l’histoire chrétienne du blasphème. Nous avons ainsi évoqué les sources historique de la laïcité française. J’ai pensé que ces faits étaient intéressants car ils permettent de montrer que le catholicisme a été comme certains islams aujourd’hui en opposition avec la société laïque et a possédé une notion de blasphème en tant que péché. La conciliation a nécessité une adaptation qui est intéressante, qui permet de rapprocher les religions dans leur évolution vers la prise en compte des opinions autres.

Nous avons évoqué les déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, la déclaration universelle de droits de l’homme de 48, et la loi de 1972 qui pose l’interdiction de l’insulte antisémite, loi qui va au delà de la pénalisation de l’insulte ad hominem.

Nous avons évoqué également la spécificité française dans son rapport au religieux. C’est également une chose intéressante à expliciter car il est plus facile d’accepter une spécificité française quand elle est nommée, de dire, dans tel pays c’est comme ça, dans tel autre c’est ainsi, et en France la façon dont le droit gère le fait religieux a telles et telles caractéristiques. Cela permet de légitimer à la fois la pratique juridique et constitutionnelle française et les autres conceptions, qui sont aussi légitimes d’un point de vue moral (quand elles sont démocratiques) mais n’ont pas de valeur juridique ici.

Nous avons en particulier souligné la différence avec la constitution américaine qui a précédé la déclaration des droits de l’homme et du citoyen et qui appuie ses principes de liberté religieuse sur une base protestante, incluant une plus grande liberté d’expression parfois mais aussi une place au religieux dans l’état à travers par exemple le fait qu’on prête serment sur la Bible.

Nous avons rappelé ce fait important qu’en obéissant à la loi française, nous nous obéissons à nous-mêmes.
Pourquoi? « Parce que le fondement de l’Etat de droit dont relève la démocratie (mais aussi en passant une monarchie constitutionnelle comme le Royaume-Uni ou l’Espagne) c’est que tous les hommes sans distinction ne sont soumis qu’à la loi et à rien d’autre (pas à un autre homme en tous les cas) et qu’en tant que membre du souverain ils en détiennent une part inaliénable et qu’ils participent à l’élaboration de cette loi. Donc obéir à la loi de l’Etat comme on dit c’est, dans l’Etat de droit comme obéir à soi-même… » ainsi que notre oratrice le développe.

Nous avons évoqué sans avoir le temps d’en parler ce qui peut être la nature exacte et la cause du malaise de certains musulmans face aux caricatures, nous  nous sommes interrogés sur ce qui nous mettrait mal à l’aise.

Nous avons également dit quelques mots sur la façon dont la tradition juive conçoit la relation avec ‘dieu’ et le fait que notre façon de lire la torah écrite était subordonnée à ce qu’en dit la torah orale.

Le prochain rendez-vous commencera en principe à 11h, car une heure, cela semblait un peu court, et aurait lieu dimanche 8 février. Il faudra voir comment nous y procéderons car il y a déjà pas mal de cours et de conférences prévues ce jour là, les participants seront informés.

Bonnes réflexions à tous, et n’hésitez pas à laisser vos commentaires.

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