Comme promis dimanche matin, voici un premier article développant les grandes lignes exposées alors. Ce sont des pistes de discussion, à toujours faire passer par le prisme de VOTRE sensibilité… Parlons-en…
Il n’y a certainement pas de recettes pour éviter les traumatismes à nos enfants. Et prendre le temps de réfléchir devient ainsi nécessaire. Et les réflexions qui suivent sont tout aussi valables pour les adultes sensibles que nous sommes.
Accepter nos limites et notre pouvoir relatif
C’est également une façon de nous rassurer. Nous saurons que nous aurons fait au mieux. Winnicott avec son concept de « good enough mother » (ou mieux encore: parent suffisamment bon) se joint aux pirké avot qui affirment « Ce n’est pas ta responsabilité de terminer de façon parfaite, et tu ne dois pas renoncer au devoir de faire au mieux » (לא עליך המלאכה לגמור). Ensemble ils nous donnent des appuis pour échapper à l’illusion de la toute puissance et à la culpabilité, qui parfois obscurcissent notre jugement et pèsent sur notre force d’action et sur notre force de vie.
Nous appuyer sur l’alliance
La prière du matin reprenant un thème de l’Ecclésiaste exprime: Que sommes-nous, qu’est-ce que notre vie, notre sagesse? Face à ce que nous souhaiterions pouvoir réaliser, nous sommes très peu de chose. Mais elle se poursuit en rappelant notre inscription dans l’alliance, « nous sommes les enfants de ton alliance ». La collaboration est une valeur centrale. Les parents ont des devoirs, les enfants aussi, et ces devoirs nous unissent. C’est le contraire d’une relation de consommation où « le parent nourrit, l’enfant mange ». Dans cette perspective, admettre nos besoins et nos limites et chercher ensemble ce qui est bon pour chacun n’est évidemment pas un échec, mais une activité pédagogique.
Favoriser les attachements « secure »
La résilience est la capacité à se soigner des blessures émotionnelles. L’ « attachement secure » est pour Boris Cyrulnik l’une des deux composantes favorisant cette résilience. Il consiste dans des liens dont la puissance et la stabilité renforcent le sentiment de sécurité. Il est nécessaire aussi bien aux enfants qu’aux adultes. Plus nous sommes nous-même rassurés, plus nous sommes rassurants pour nos enfants. Les adultes responsables des enfants, traditionnellement les parents, mais plus généralement tous ceux qui exercent la responsabilité de pourvoir à leurs besoins vitaux, sont des points d’attachement secure fondamentaux. Une bonne façon de soutenir nos proches est de leur permettre de diversifier les sources de rattachements rassurants.
Un exemple: le chabbat
Le chabbat, qui revient toutes les semaines, est une occasion merveilleuse de cultiver notre sentiment de sécurité. La bénédiction que nous faisons à nos enfants chaque vendredi soir finit par leur appartenir et exister indépendamment de notre présence physique. Les bougies, les discussions à table, les mets traditionnels, la chaleur familiale structurent notre vie et celle de nos enfants. Cette structuration qui résiste aux épreuves nous convainc que certaines choses sont stables, au delà des événements de l’histoire. Aussi tragiques soient-ils, leur impact en est relativisé.
Nous sommes pour nos enfants (ou ceux dont nous sommes les éducateurs) le lien qui les rattache à la vie. Depuis qu’ils sont nés, nous assurons leurs besoins primaires. Sans nous, ils mouraient. En conséquence, ils nous regardent, ils nous comprennent, ils lisent en nous, nous sommes leur référence, ils suivent notre exemple. La mauvaise nouvelle, c’est qu’il est quasiment impossible de leur dissimuler notre état émotionnel. La bonne nouvelle, c’est qu’ils sentent aussi que ça va mieux. Notre sentiment de sécurité nourrit le leur. Travailler notre capacité à aimer la vie, c’est leur faire un merveilleux cadeau. Leur montrer que parfois nous allons mal, c’est légitimer leur droit de sentir leur propre mal-être. Leur montrer que nous prenons soin de nous, c’est les inciter a prendre soin d’eux-mêmes, partager le bonheur retrouvé, c’est les rassurer sur notre capacité à retrouver le chemin de la vie.
J’espère pouvoir bientôt partager avec vous un article sur les façons dont notre tradition encourage la verbalisation, qui est également un élément fondamental de la résilience.
Pour lire le premier article, voyez ici.
Humblement, je partage avec tous un petit croquis-hommage en cette veille de paracha vayetse…

[…] notre rétablissement intérieur. Ainsi sont nés deux articles qui parlent de résilience juive: 4 façons juives de favoriser l’attachement secure et 4 manières juives d’encourager la verbalisation Dans toute cette agitation, il n’est […]