Lorsque nous faisons le bilan du monde, nous pouvons nous appuyer sur la force de ceux qui l’aiment si fort qu’ils sont prêts à tout pour garder leur dignité.
Au cours des « fêtes solennelles », des yamim noraim, ימים נטוראים, nous faisons le bilan de nos vies et recherchons ce qui fait leur valeur. Sommes-nous au meilleur de nous-mêmes, de notre capacité à augmenter la solidarité et la paix dans le monde, très largement, et plus particulièrement autour de nous?
Raconter les actes d’héroïsme de nos grands maîtres nous encourage au militantisme. Loin dans le passé, mais également à une période récente, il y a eu des justes, des héros, juifs ou non, dont la capacité de ne pas renoncer à leur dignité et à leur amour pour le monde nous inspire.
Parmi les textes non juifs qui nous accompagnent dans cette quête, le texte « Strophes pour se souvenir » d’Aragon, est un incroyable chant d’espoir, que nous lisons à plusieurs moments de la liturgie de Kipour.
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Strophes pour se souvenir
Louis Aragon
Vous n´aviez réclamé la gloire, ni les larmes
Ni l´orgue, ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà, que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos ames
La mort n´éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit, hirsutes, menaçants
L´affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu´à prononcer, vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient, sans yeux pour vous, le jour durant
Mais à l´heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c´est alors que l´un de vous dit calmement
Bonheur à tous ! Bonheur à ceux qui vont survivre !
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand !
Adieu la peine et le plaisir, Adieu les roses
Adieu la vie, adieu la lumière et le vent
Marie-toi, sois heureuse, et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan
Un grand soleil d´hiver éclaire la colline
Que la nature est belle, et que le cœur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants !
Ma Mélinée, ô mon amour, mon orpheline
Et je te dis de vivre et d´avoir un enfant
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s´abattant
http://fr.wikipedia.org/wiki/Affiche_rouge
http://www.youtube.com/watch?v=fXLKTjcgJVE – témoignage d’un résitant
http://www.youtube.com/watch?v=6HLB_EVtJK4&feature=related – entendre l’affiche rouge, Léo Ferré
Très Pro ! bel article vecteur de profondes réflexions…A partager :)Bisous Dominique
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