
Qu’aurait fait Edith Stein dans un monde où le judaïsme n’aurait pas été isolé, stigmatisé, divisé ?
Quelle aurait été sa vie si elle avait évolué dans un monde qui la respectait en tant que femme ?
On ne peut pas luter toutes les luttes, on ne peut pas s’engager dans tous les combats.
La qualité de femme et la qualité de juive d’Edith Stein on fait d’elle une marginale. Elle a cependant réussi à laisser un héritage encore vibrant aujourd’hui, ainsi que l’atteste cette journée qui lui est consacrée. C’est en tant que femme et en tant que juive qu’elle ne peut accéder d’abord à l’habilitation. Exclue de la société, comment peut-elle malgré tout s’y intégrer ? Elle le fera en renversant la situation. En entrant dans les ordres elle accepte cette exclusion et en fait un point d’appui, un levier. En allant à l’extrême de l’exclusion, elle se protège de la force d’exclusion et peut rebondir. Est-ce un choix conscient de sa part? Un choix inconscient? Un « glissement » qui l’entraîne presque par gravitation jusqu’au premier pallier ou prendre appui dans un monde qui laisse peu de place à l’expression de son génie? Nous évoquerons cette hypothèse, et d’autres, dans quelques heures. Voici déjà quelques notions qui seront utiles.
NB: cet article sera remanié dans les prochaines heures, en fonction de la conférence.
Biographie, quelques éléments :
- Naissance: 12 octobre 1891, Breslau, jour de Kippour
- 1893: décès de son père
- 1904: commence à jeûner à Kipour
- Investissement dans une association d’éducation populaire et dans une association pour les droits des femmes
- 1911: baccalauréat (parmi les premières femmes)
- Première guerre mondiale: infirmière (étudie et pratique)
- 1916: baptême de son ami Reinach
- 1917: Thèse « Sur le problème de l’empathie », avec Husserl, l’une des premières femmes
- Refus de Husserl de la soumettre à l’habilitation
- 1917: « Deux choses seulement me maintiennent la curiosité en éveil : la curiosité de voir ce qui va sortir de l’Europe, et l’espoir d’apporter ma contribution en philosophie »
- 1917: mort de son ami Adophe Reinach
- 1919: engagement au « DDP », le Parti démocrate allemand, un parti de centre-gauche qui abrite des féministes ainsi que des personnalités juives
- 1920: échec de sa lutte pour obtenir l’habilitation, fonde une académie privée, 30 étudiants chez elle.
- 1921: conversion au catholicisme « la cause décisive de sa conversion au christianisme fut la manière dont son amie accomplit par la force du mystère de la Croix le sacrifice qui lui était imposé par la mort de son mari », « C’était pour moi quelque chose de tout à fait nouveau. Dans les synagogues et les temples que je connaissais, quand on s’y rendait c’était pour l’office. Ici, au beau milieu des affaires du quotidien, quelqu’un pénétrait dans une église comme pour un échange confidentiel. Cela, je n’ai jamais pu l’oublier »
- 1928: Leçons pour une phénoménologie de la conscience intime du temps, édité par Martin Heidegger, sans juste reconnaissance de son travail
- conférence en 1930sur « L’éthique des métiers féminins ». Seule femme à prendre la parole au cours du Congrès, elle parle des métiers féminins et refuse la misogynie de l’époque en affirmant qu’« aucune femme n’est seulement femme, chacune présente des traits individuels et des dispositions propres, tout comme l’homme, par l’aptitude à exercer telle ou telle profession dans un domaine artistique, scientifique ou technique »
- 1933: début de la rédaction de « vie d’une famille juive », qui sera interrompue par sa déportation, entrée au monastère
- Étude sur l’État, où elle décrit les différentes notions d’individu, de communauté, de masse et d’État. Elle s’oppose donc à l’idéologie du national socialisme allemand, ainsi qu’aux idéologies marxistes.
- 1936 renouvellement de ses voeux et mort de sa mère « « Quand mon tour est arrivé, de renouveler mes vœux, j’ai senti que ma mère était près de moi, j’ai expérimenté clairement qu’elle était proche de moi »G 4,34. Elle apprendra quelques jours plus tard que sa mère mourait au même moment. Ce fut pour Edith Stein une profonde consolation. »
- 2 aout 1942 – arrestation dans un carmel aux pays-bas 9 août 1942 – extermination à Auschwitz
- 1987 – béatification Jean-Paul II, « une fille d’Israël, qui pendant les persécutions des nazis est demeurée unie avec foi et amour au Seigneur Crucifié, Jésus Christ, telle une catholique, et à son peuple telle une Juive»
- 1998 – canonisation
- 1999 – nommée « co-patronne de l’europe »
Élément de perplexité:
» Enfin sa mort, qu’elle veut vivre comme un holocauste pour « son peuple », montre son attachement profond à ce lien entre christianisme et judaïsme62. Elle ne renie pas sa foi catholique, mais s’identifie au Christ, qui meurt pour ses disciples. Édith Stein fait donc de même, en partant aux camps en tant que juive. Le pape Jean-Paul II dans l’homélie de sa béatification affirmera qu’il n’y a pas de contradiction pour Édith Stein dans sa foi : « Pour Édith Stein, le baptême chrétien n’était pas une façon de rompre avec son héritage juif. Tout au contraire elle déclara : « J’avais abandonné la pratique de la religion juive dès l’âge de quatorze ans. Mon retour à Dieu me permit de me sentir à nouveau juive ». Elle a toujours été consciente du fait qu’elle était liée au Christ « non seulement par la spiritualité, mais aussi par le sang. » (…) Dans les camps d’extermination, elle mourut en fille d’Israël « pour la gloire du Très Saint Nom et, à la fois, en tant que sœur Térésa Benedicta de la Croix, c’est-à-dire, « bénie par la Croix » » (tiré de wikipedia)
Quelques notions juives:
holocauste – Ola עולה – « montée » – « montée de désir de donner » = pardon de petites fautes ou du fait d’envisager de commettre une faute, OU offrande à l’occasion des fêtes, OU offrande de la femme qui vient d’accoucher, OU offrande du grand-prêtre le jour de Yom Kipour, OU pour retour à la vie (conversion, lépreux, ascète, celui-celle qui a eu un écoulement)
Choa – génocide juif pendant la IIe guerre mondiale – Appeler la Choa « holocauste » revient à lui donner un caractère volontaire de la part de ceux qui en auraient fait l’ « offrande » et donner un caractère sacré à ce qui est le comble de la désacralisation
Esther / hadassa
Midrach = commentaire rabbinique pour expliquer une particularité du texte biblique, sous forme de déduction ou d’histoire
Talmud = livre essentiel du judaïsme, mise à l’écrit de la tradition orale fin du Ve siècle (pour le Talmud de Babylone), 23 exemplaires brûlés en place de grêve en 1242 (L IX)
Pourim – Képourim – Kipourim – Kipour
Midrach sur les proverbes:
אמרו חכמינו: “כל המועדים עתידים להתבטל, וימי הפורים אינם בטלים לעולם, שנאמר: ‘וימי הפורים האלה לא יעברו מתוך היהודים’ (אסתר ט’, כח). אמר רבי אליעזר: אף יום הכיפורים אינו בטל לעולם, שנאמר: ‘והייתה זאת לכם לחֻקת עולם’… (ויקרא ט”ז, לד)”. מדרש משלי.
Les sages ont dit « toutes les fêtes sont destinées à disparaitre et les jours de Pourim ne disparaitront jamais comme il est dit » et ces jours de Pourim ne disparaitront pas de chez les juifs » (Esther 9:28) Rabbi Eliezer a dit: de même le jour de « est-ce qu’il est une chose comme Pourim » = « Yom Ha Ké Pourim » = Kipour ne sera jamais annulé comme il est dit « et ce sera une loi éternelle » Lévitique 16:34 » Pour approfondir, voir par exemple « sur Pourim et le jour de Yom hakipourim » (heb)
Yoma, « Le Jour », traité du Talmud qui traite de Yom Kipour et qui mentionne la notion de PIKOUAH NEFECH, le fait de tout faire pour protéger sa vie. פיקוח נפש
BeraHot 55b « Le rêve suit la bouche », le rêve prend le sens de la façon dont on l’interprète
Yoma 29a Esther et la promesse de l’aube texte en hébreu ici: http://kodesh.snunit.k12.il/b/l/l2503_029a.htm
[…] Eléments Biographique de Edith Stein et notions abordées lors de la conférences disponibles en cl… […]