Faisons beuguer le buzz, le rassemblement de Vayakel

Vous savez ce qu’est un buzz ?
D’après le Larousse, il s’agit d’une forme de publicité où le consommateur lance le produit. En 2001, le Harvard Business Review publiait un article qui analysait la nature du Buzz, et prouvait que plus de 2/3 de l’économie américaine était fortement influencée par ce phénomène.
Une publicité par le « bouche à oreille » ? Une publicité où le consommateur lance le produit ? Traduisons : C’est une forme de publicité où c’est la cible qui tire la flèche !

Et c’est bien ce que dit le Talmud : La flèche, c’est la langue !
בבלי ערכין דף טו :ב : אין חץ אלא לשון

Mais en fait, il me semble qu’on pourrait voir dans la notion de buzz une version marketing de l’idée de ‘même’, inventée par Richard Dawkins et publiée en 1976.
La mémétique, la science des mèmes, compare les idées à des gènes voire à des maladies, les idées seraient transmises, portées et répliquées par nous, avant que nous les retransmettions et les partagions à notre tour. Le « like » de facebook est loin d’être anodin !
Alors, sommes-nous contaminés sans le savoir ? Ou plus précisément : par quoi sommes-nous contaminés et en sommes-nous conscients ?
L’anthropologue Dan Sperber soutient que les idées sont plus ou moins contaminantes. Les idées, ou les histoires drôles ou tragiques, les citations de petites phrases abominables ou racistes, les citations positives également et les mots d’esprit. Tout cela passe par nous et se propage à travers nous.

Qu’est-ce qui fait le succès d’une idée selon lui ?
Trois facteurs entrent en compte :
1 – l’idée est-elle conforme à nos représentations mentales ?
2 – l’idée est-elle plus ou moins conforme aux représentations publiques ? Est-elle compatible avec ce que la plupart des gens croient déjà ? Est-elle défendue par des personnes faisant autorité ?
En résumé, nous sommes contaminés par les idées qui trouvent une accroche dans ce qui existe déjà dans notre pensée, et nous risquons de devenir nous-mêmes des éléments de contagion.

Alors pensons-y un instant. Quelles sont les idées qui nous envahissent ? Quelles sont les idées qui se propagent à travers nous ? Et quelle sont au contraire les idées que nous recherchons ? Celles que nous essayons consciemment de transmettre ?
Et les gens qui disent des atrocités racistes, que recherchent-ils ? Sont-ils victimes de contagion ? Sont-ils au contraire des contaminateurs conscients ? Ceux qui tentent de semer la terreur, quel est leur but ?
Et que faisons-nous, quand nous sommes nous-mêmes contaminés ?

Recherchons la parenté de ces concepts très modernes avec ceux de la tradition. En « langage juif », ces idées sont développées sous le nom de « lois du lashon hara », commandements concernant le mauvais langage. Il existe un interdit de s’exprimer d’une manière négativement contaminante. Ce commandement nous invite à être conscients de ce que nous véhiculons. Il remonte au temps de la Torah lui-même, qui interdit l’anti-communication et la compare à la lèpre. Déjà dans la Torah, on compare la propagation des idées mauvaises à celle d’une maladie.

On comprend bien pourquoi le traité talmudique araHin détaille les méfaits d’un mauvais usage du langage :
Le lashon harah détruit trois personnes : celui qui le dit, celui qui l’entend et celui dont on parle.
בבלי ערכין דף טו :ב :לשון תליתאי קטיל תליתאי, הורג למספרו ולמקבלו ולאומרו
Dans la perspective de la « contamination » des idées, on comprend bien pourquoi celui qui entend est victime autant que coupable. Il se fait le vecteur d’idées destructrices.

Le problème n’est plus du tout : « Est-ce que untel a réellement dit telle atrocité raciste ? » mais devient : « Qui me raconte cela ? Dans quel but ? Est-ce que je veux l’entendre ? Quel impact cela a-t-il sur moi ? Qu’est-ce que cela signifie socialement ? ».
Si les consommateurs boycottent le produit, les producteurs fermeront boutique. Si nous ne relayons pas les messages de terreur ou les messages racistes, ceux qui en font leur pain blanc devront se tourner vers du pain azyme.

Voilà donc la première mesure à mettre en œuvre pour faire taire les imbéciles dangereux : développer notre résistance à la contamination, en reprenant à l’envers les trois facteurs de Dan Sperber :
1 – Travailler sur nos représentations mentales pour qu’elles soient aussi imperméables que possible à ces idées racistes. Par exemple, on pourrait créer une fête au moment du printemps au cours de laquelle on parlerait de l’importance de respecter l’étranger puisque nous aurions nous-mêmes été étranger en pays d’Egypte. Le seder de PessaH aura lieu cette année les vendredi 3 avril et samedi 4 avril (seder communautaire).
2 – Réduire l’impact social de ces idées et nous appuyer sur les autorités capables de soutenir les visions humanistes auxquelles nous sommes attachés. C’est aussi à cela que servent les rabbins.

Telle est l’une des beautés de la paracha Vayakel-Pékoudé que nous lisons ce chabbat.
Elle nous parle de rassemblement.
Pas de rassemblement épidémiologique, pas de partage de slogans malveillants. Ceci, au contraire, c’était le rassemblement du veau d’or.
Au contraire, le rassemblement de notre paracha se fait par la création d’un espace d’échange conscient des idées. Un espace dans le temps : le chabbat, un espace matériel : le michkan, le temple portatif que transportaient les hébreux dans le désert.

Les meilleures idées de notre civilisation juive ne sont pas toutes « contaminantes », il ne suffit pas de les entendre une fois à la radio pour s’en souvenir comme si nous les avions nous-mêmes inventées. Mais elles sont restructurantes, elles sont « pertinentes ». Pour Dan Sperber, une idée est pertinente quand elle rapporte plus qu’elle ne coûte, quand l’effort qu’elle demande est moins dur que la qualité de pensée qu’elle apporte. Tel est le troisième critère du succès d’une idée selon lui, et c’est certainement le plus noble au sens juif.

C’est peut-être pour cela que les prières du matin insistent et répètent l’enseignement de la michna péa : l’étude de la torah équivaut à tous les commandements. En effet, étudier, approfondir, c’est repousser les mauvaises idées contagieuses et faire de la place aux bonnes idées couteuses.
פאה פרק א :אלו דברים שאין להם שיעור הפאה והבכורים והראיון וגמ »ח =וגמילות חסדים= ותלמוד תורה אלו דברים שאדם אוכל פירותיהן בעולם הזה והקרן קיימת לו לעולם הבא כיבוד אב ואם וגמילות חסדים והבאת שלום בין אדם לחבירו ותלמוד תורה כנגד כולם:

Voici quelques pensées que je souhaitais partager en nos temps médiatiques, en cette époque où les idées sont des armes, où leur diffusion est analysée et instrumentalisée. Notre vigilance est importante. Voici quelques contributions de la pensée juive à la pensée humaine, c’est par le cumul et la confrontation des sagesses que nous avançons le mieux.

Je me doute que ces quelques mots ne feront pas le buzz.
J’espère au contraire qu’ils seront une pierre apportée à l’édifice de notre liberté de penser.

Rabbin Floriane Chinsky

Liens: https://homosemiotikus.wordpress.com/2010/01/03/les-memes-une-facon-de-parler-la-contagion-des-idees-par-dan-sperber-post-in-progress/

Blasphèmes, Péchés, Crimes et Délits par Mano Siri

Voici les définitions qui étaient à la base de notre atelier de dimanche dernier. Définir les mots permet de recadrer sans violence, de recadrer en fonction d’éléments objectifs. Vous trouverez ici le texte préparé par notre intervenante comme base de la discussion. Pour un petit résumé de nos discussions, voir https://poursurmelin.wordpress.com/2015/01/25/interconvictionnel-surmelin/.

Blasphèmes, Péchés, Crimes et Délits par Mano Siri

Quatre notions qui ont en commun de renvoyer à l’idée de « faute » mais que tout sépare ou rapproche selon le système de valeur auquel on se réfère.
Ainsi en est-il par exemple du blasphème.

Qu’est-ce qu’un blasphème ?
Voilà ce que l’on trouve dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert :
BLASPHEME, s. m. se dit en général de tout discours ou écrit injurieux à la Majesté divine : mais dans l’usage ordinaire, on entend plus spécialement par blasphèmes, les jurements ou impiétés contre le saint nom de Dieu, proférés de vive-voix.
Les Théologiens disent que le blasphème consiste à attribuer à Dieu quelque qualité qui ne lui convient pas, ou à lui ôter quelqu’attribut qui lui convient. Selon saint Augustin toute parole mauvaise, c’est-à-dire, injurieuse à Dieu, est un blasphème : Jam verò blasphemia non accipitur nisi mala verba de Deo dicere. De morib. Manich. lib. II. cap. xj. Ainsi ce serait un blasphème, que de dire que Dieu est injuste & cruel parce qu’il punit le péché originel dans les enfants qui meurent sans baptême. Le blasphème est une suite ordinaire de l’hérésie : puisque celui qui croit mal, parle indignement de Dieu & des mystères qu’il méprise. C’est ce qui s’appelle proprement blasphème.

On a donc là une piste qui met clairement le blasphème du côté du péché, et pas n’importe lequel, le péché qui touche à la question même de Dieu : le blasphème n’est donc pas un simple péché mais un péché contre Dieu ; de plus, et c’est peut-être là l’ambiguïté attachée à cette notion il est aussi une atteinte au dogme, à l’orthodoxie qui énonce ce qu’il faut croire et savoir concernant Dieu et, pour parler comme les chrétiens (puisque l’article ici cité de l’Encyclopédie avait été rédigé par un abbé) contre les mystères de la foi.
Bref le blasphémateur est :
– un pécheur
– un hérétique
– un incroyant

Il pèche contre l’esprit pourrait-on dire : la possibilité qu’existe un délit de blasphème implique donc par conséquent une remise en cause radicale des articles 10 et 11 de la DDHC qui stipulent que « nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que celles-ci ne troublent pas l’ordre public établi par la Loi », et « la Libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas réprimés par la Loi ». La DDH (1948) précise dans son article 18 que « Toute personne a droit à la liberté de conscience et de religion : ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites ».

On comprend donc qu’instituer ou laisser entendre qu’il y aurait un « délit de blasphème » laisserait supposer que la loi qui régit la société, la loi politique donc, serait une loi venant de Dieu ou instituée par Dieu et non pas une loi conçue, écrite et promulguée par des hommes en fonction de normes de vie communes – n’intéressant pas le divin – qu’ils se seraient donnés pour pouvoir vivre en paix et en sécurité.
La question de savoir si le blasphème relève du crime, du délit, du non-lieu ou du droit est donc un indicateur du rapport institutionnalisé ou non qu’une société politique établit ou au contraire récuse avec le théologique.
Le propre des sociétés laïques et des Etats de droit est justement de neutraliser le théologique et de le sortir du politique : le blasphème ne saurait y être un délit, encore moins un crime ; il est donc a minima permis (puisqu’il n’est pas interdit) : il peut également constituer un droit au sens où il peut y avoir un droit au blasphème, c’est à dire un droit à l’impiété et à l’hérésie.

Pourquoi beaucoup de musulmans, j’entends par là surtout ceux qui pratiquent ou ont le désir de pratiquer un islam paisible, se sentent-ils néanmoins « agressés », « injuriés », « humiliés » par ce qu’on appelle communément les caricatures de Charlie Hebdo, qu’ils jugent blasphématoires ?
Car ce qui est intéressant ici c’est qu’ils se sentent atteints personnellement par ces caricatures qui mettent en scène le Prophète et le Coran en s’en moquant, mais ne les désigne pas et ne les attaque pas en tant que personnes.
Pourquoi, en d’autres termes, se sentent-ils aussi agressés que nous pourrions l’être quand nous avons affaire à une caricature antisémite c’est à dire à une représentation reprenant systématiquement et intentionnellement (ou non) des traits physiques ou moraux attribués par les antisémites aux Juifs ?
Parce que c’est un fait que les caricatures de Charlie Hebdo les choque et les blesse, pour la plupart.
Comment penser, recevoir et répondre à ce « fait têtu » de la réalité ?

Mano Siri

Célébrons les miracles de demain !

Reprenez votre toupie de Hanouka. Les lettres noun, guimel, hé, ornent trois de ses côtés. Elles représentent les mots Ness (un miracleנס), Gadol (grand גדול), haya (il y eut היה). Mais quelle est la quatrième lettre ? S’agit-il d’un  pour Po (ici פה, pour les toupies israéliennes) ou d’un Chin pour Cham (là-bas שם, pour les françaises) ?

L’allumage des bougies à nos fenêtres a pour but la publication DU miracle. « LE miracle » ? Oui, mais lequel ?

Célébrons-nous le prodige d’une huile qui brûle sans se consumer, la ménorah du Temple à l’époque hasmonéenne, d’après le Talmud ? La victoire sur des ennemis plus nombreux, les makabim ayant vaincu les grecs, comme dans le Al hanissim ? La ré-inauguration du Temple, selon le livre des makabim ? Notre survie physique et spirituelle malgré les épreuves de l’histoire ? La renaissance de l’Etat d’Israël ? Célébrerons-nous également les petits miracles du quotidien, celui d’une personne qui franchit pour la première fois le seuil d’une de nos synagogues, d’un enfant qui trouve le courage de prendre sa place le jour de sa Bar/bat Mitsva, celui d’une main qui se tend quand on en a besoin ?

Nous chanterons cette année encore « sévivon sov sov » en famille et en communauté. Finirons-nous la chanson par « un grand miracle eut lieu là-bas », en Israël ou « ici », en France, et dans tous les pays ou l’existence juive poursuit son cours? Penserons-nous uniquement aux miracles de ces jours-là,  בימים הה, ou également à ceux qui se déroulent à notre époque, בזמן הזה ? A ceux réalisés par nos ancêtres pour que nous existions ? Ou à ceux qui restent à accomplir pour faire vivre un judaïsme de bonheur et d’engagement pour les générations futures ?

L’idéal juif est encore en chemin, et nous en sommes les porteurs.

Hag Ourim SaméaH ! Bonne fête des lumières ! Bonne construction communautaire !

Terouma – Une seule construction, plusieurs matériaux

Dracha du vendredi 31 janvier 2014

Comme vous avez pu le constater, le ton de mes drachot est généralement libre et détendu.

Cependant, aujourd’hui est une occasion spéciale.

Nous venons de signer un contrat par lequel je serai présente au MJLF deux fois par mois pour les cinq prochains mois, et à cette occasion, je souhaite évoquer quelques enseignements importants, émanant de notre identité, liés à la paracha et fondements de mon action et de notre collaboration.

Nous partageons aujourd’hui un questionnement autour de la construction communautaire, c’est parce que la communauté de Surmelin se trouve face à ce magnifique défi : construire, re-construire, développer la communauté.

Nous allons devoir réfléchir à ce que seront nos objectifs, au sens pratique, et au sens symbolique. Construire la synagogue la plus haute ? La plus stable ? La plus colorée ? La plus accueillante ? La plus éduquée ? Une communauté de savoir ? D’étude ? D’entre-aide ? De chant ? De joie ?

Il faudra réfléchir à ces objectifs.

A ce sujet, je souhaite partager avec vous une fausse mauvaise nouvelle : il est impossible que nous ayons tous des objectifs identiques.

Il s’agit d’une vraie bonne nouvelle : cela signifie que chacun a quelque chose de différent à apporter à l’édifice.

Nous mettrons dans le panier de la mariée de nombreux cadeaux merveilleux.

Dans notre paracha, la construction du temple et des outils du service se prépare.
Chacun est invité à donner ce qu’il a de meilleur.
L’or, l’argent et le cuivre vont être apportés à profusion pour réaliser des œuvres d’art digne de l’engagement des enfants d’Israël pour leur identité naissante.

Parlons un moment des métaux dont nous allons disposer pour créer un espace de kodech קודש  au sein de notre synagogue.

Tout d’abord il faut compter les bases de l’identité de Surmelin, son appartenance au libéralisme, son appartenance au MJLF, son caractère spécifique développé depuis sa naissance. Je compte sur vous pour continuer à me faire connaitre cette identité particulière.

Parmi ces trésors nous devrons également nous appuyer sur les qualités personnelles de tous ceux à qui le projet Surmelin tient à cœur. Votre savoir juif, votre savoir général, votre histoire, sont des éléments fondamentaux que je souhaite mieux connaitre. Prenons contact de façon personnelle, je tiens à découvrir ces trésors.

Enfin, vous pouvez compter également sur ce que mon expérience me permet de partager avec vous. Nous apprendrons ensemble comment en faire bénéficier la communauté.

Je connais bien le monde libéral, le monde orthodoxe et le monde massorti grâce à mes études rabbiniques, mes recherches de doctorat et mon parcours personnel.

Commençons par le monde libéral. Ma grand-mère priait à Copernic, elle a longtemps accueilli son Talmud Torah pour Soukot et pour PessaH. J’y ai célébré ma bat mitsva, et j’ai prié au MJLF-est lorsqu’il était encore rue Pétion.

Je connais également le monde orthodoxe dans sa diversité.
Un monde orthodoxe dont j’apprécie les qualités lorsqu’il s’inscrit dans une orthodoxie ouverte parfois égalitaire, ou au moins respectueuse des femmes,  intelligente, engagée. Un monde auquel nous nous opposons lorsqu’il privilégie des politiques d’exclusion au mépris de la halaHa elle-même.

Enfin, et il s’agit d’un élément très important et dont je sais qu’il suscite des questions, j’amène dans mes bagages mon identité massorti.

C’est le mouvement massorti qui m’a amenée à envisager le rabbinat. C’est au sein du séminaire rabbinique massorti israélien que j’ai pu acquérir mes connaissances des sources, et une connaissance de la loi juive qui me permet de m’opposer à certaines déviances.
Ce sont des synagogues massortiot en Israël, et aujourd’hui à Bruxelles et à Saint-Germain-en-Laye qui m’ont permis de développer une approche spécifique du rabbinat, au cours des treize dernières années.

Je ne serai pas ce que je suis sans le mouvement massorti que j’ai choisi, et je ne le serais pas non plus sans le mouvement libéral au sein duquel j’ai grandi.

Ces deux mouvements sont à mon sens fondamentaux pour l’avenir du Judaïsme.

Les libéraux ont choisi de défendre avant tout la liberté de conscience.
Les massorti ont mis en avant la loi juive et sa souplesse, et inscrit la modernité dans le cadre de la tradition.

Ce combat est exigeant, et ceux qui placent ces valeurs comme leur priorité doivent travailler ensemble, dans le respect des différences.

Le sectarisme est un obstacle sur le chemin de l’identité juive. Les défis du judaïsme d’aujourd’hui ont besoin de toutes nos forces.

Nous avons la chance de pouvoir mettre en œuvre une collaboration à la juive, dans la maHloket léchem chamaim, מחלוקת לשם שמים   une conscience des différences d’approches et un engagement vis-à-vis du bien commun.

J’estime que nous sommes tous particulièrement chanceux d’avoir un rabbinat ouvert de ce point de vue, tant du côté massorti que du côté libéral.

Ainsi, nous pourrons associer les offrandes de   (Ex.25 : 2) כָּל-אִישׁ אֲשֶׁר יִדְּבֶנּוּ לִבּוֹ,   de tous ceux qui y sont portés par leur cœur, pour trouver à chacune de nos qualités une juste place dans l’édifice communautaire.

Si nous réussissons, nous aurons, à notre façon, accompli la promesse de notre paracha (Ex. 25 :8),  וְעָשׂוּ לִי, מִקְדָּשׁ; וְשָׁכַנְתִּי, בְּתוֹכָם,   nous aurons construit un endroit sacré où ne résidera pas la présence divine.

Car la présence divine résidera, parmi nous, en nous, de par le travail de construction que nous aurons mené à bien dans la collaboration fraternelle.

Au-delà de la communauté de Surmelin, c’est l’ensemble du judaïsme de demain que nous construisons, avec tous ceux qui veulent se rappeler combien les notions de Klal Israël, כלל ישראל (Israël dans son ensemble) ainsi que le commandement positif de Ahavat Israël, אהבת ישראל (amour du peuple dans sa globalité, aimer son prochain comme soi-même) sont fondamentales dans notre tradition.

Je souhaite que nous ayons le mérite de pouvoir mettre en commun tout ce que nos cœurs veulent apporter à la communauté, je formule ce souhait pour nous et pour toutes les communautés d’Israël. Amen.