Paracha NoaH : faut-il détruire l’humanité pour sauver le monde ?

Le personnage central de cette paracha est NoaH (Noé), figure légendaire de la tradition juive, reprise par la chrétienté et l’islam.

Qui n’a pas connaissance de l’histoire de l’arche de Noé ? Pourtant, cette semaine, l’histoire de l’arche de Noé ne sera pas précisément l’objet du commentaire de la paracha NoaH.

Notre propos portera essentiellement sur l’alliance que l’Éternel a institué avec NoaH. Une alliance qui eut pour principe majeur la deuxième création de l’humanité, pour les motifs que la Torah va nous dévoiler.

Pour approfondir ce thème, une petite vidéo et un article qui la commente, sur la paracha de la semaine !

La paracha NoaH du sefer Béréchit (Genèse) 6:9 à 11:32 et la décision de « re-créer » l’humanité pour sauver le monde

En quelques pages de la Torah, nous passons de la création du monde par l’Éternel qui a dit « cela est bon » (כִּי טוֹב), à l’Éternel qui a pris conscience d’avoir subi un échec le contraignant à détruire ce qu’il avait réalisé, pour tout recommencer.

Ceci, par la faute de l’Homme dont le comportement a été jugé intolérable et impossible à corriger par Dieu. Citons quelques phrases de la paracha précédente pour nous en rendre compte :

Béréchit 6:4 à 6:7. « Les nefilim (géants) parurent sur la Terre à cette époque et aussi depuis, lorsque les fils de Dieu se mêlaient aux filles des hommes et qu’elles leur donnaient des enfants…L’Éternel vit que les méfaits de l’homme se multipliaient sur la Terre, et que le produit des pensées de son cœur était uniquement et constamment mauvais…l’Éternel se ravisa d’avoir créé l’homme sur la Terre, et il s’attrista en lui…Et l’Éternel dit: j’effacerai l’homme que j’ai créé sur la surface de la Terre, depuis l’homme jusqu’à l’animal terrestre, jusqu’aux créatures volantes des cieux, car je regrette de les avoir faits. »

La dépravation humaine était telle qu’elle semblait irrécupérable et avait même contaminé le règne animal. L’Éternel a dû prendre une décision très dure.

Béréchit 6:11 à 6:13. « Or, la Terre s’était dégradée devant Dieu, et elle s’était remplie de violence…Dieu considéra que la Terre était corrompue, toute créature ayant perverti sa voie sur la Terre…Et Dieu dit à Noé: la fin de toutes les créatures est arrivée à mes yeux, parce que la Terre, à cause d’elles, est remplie d’iniquité, et je vais les détruire avec la Terre. »

Dieu a pris la décision de supprimer toute créature vivante sur la Terre. Il s’est tourné vers NoaH (Noé), le considérant comme un homme juste, pour lui confier une mission (construction de l’arche, sauvegarde des espèces…).

La justification de cette décision divine s’est posée aux sages : Hillel, Chamaï et leurs écoles. Nous la retrouvons dans le Talmud Érouvin. Fallait-il créer l’Homme au moment de la création de l’univers ? L’école de Hillel a répondu positivement. L’école de Chamaï a répondu négativement. Hillel et Chamaï ont débattu de cette question pendant 2 ans et demi pour finir par dire non. Par la suite, la discussion a dérivé sur les mesures concrètes à prendre afin que l’humanité ne retombe jamais dans la violence et le chaos.

Cependant, une autre question s’est posée, celle de la clairvoyance divine. L’Éternel s’était-il trompé ? D’autant plus, qu’en créant l’Homme il avait créé le concept de liberté. Il est écrit clairement dans le chapitre 6 de la Genèse que l’Éternel s’était ravisé de ce qu’il avait accompli et qu’il en avait été attristé. Était-ce une attitude acceptable de la part de Dieu ? Ce qui semble une faiblesse du « dieu des juifs » n’allait-il pas être retourné comme un argument contre leur tradition?

Cette question s’est retournée contre le peuple juif. Un maître spirituel, Rabbi Yehoshua Ben KorHa a été pris à parti. Une personne lui a demandé comment le Dieu des Juifs, prétendument parfait, a pu commettre une pareille erreur et quelle crédibilité accorder à un tel Dieu ? Rabbi Yehoshua Ben KorHa a répondu ceci. « Tu as été très content quand ton fils est né, et pourtant tu savais qu’il allait mourir un jour, et que ce serait très triste. Et bien, il en a été de même pour Dieu en ce qui concerne la création de l’humanité. »

L’alliance NoaHide et la tradition juive

Les juifs érudits pensent que le terme « béréchit », traduit par « au commencement », a un deuxième sens. Béréchit se décompose en « bara » et « chit ». Ces 2 mots associés signifient « création des fondements ».

L’humanité a du subir une redéfinition. Dans un premier temps, Adam et Eve sont créés, ce sont eux qui seront la graine dont naitra toute l’humanité, ils devaient être le plus lointain embranchement des familles de l’humanité. Mais lorsque leurs enfants naissent, le drame de la violence apparait et Caïn tue son frère Abel. Dans un deuxième temps : Adam et Ève ont un autre enfant, Seth qui a pour descendant NoaH. Mais de nouveau, la violence se développe, l’humanité est détruite et NoaH en sera le seul rescapé. Ainsi, nous ne sommes descendants d’Adam et Eve que par une seule lignée, celle de NoaH, qui est ainsi notre ancêtre commun.

L’Éternel a établi une nouvelle alliance avec NoaH, une alliance universelle dotée de 7 lois, l’alliance NoaHide (ou NoaHique). Cette alliance est la marque d’un nouveau départ pour l’humanité.

 Béréchit 9:8 à 9:13. « Dieu dit à Noé et à ses fils: moi, je veux établir mon alliance avec vous et avec la postérité qui vous suivra…et avec toute créature vivante qui est avec vous, oiseaux, bétail, animaux des champs qui sont avec vous, tous les animaux qui sont sortis de l’arche…Je place mon arc-en-ciel dans la nuée et il deviendra un signe d’alliance entre moi et la Terre. »

Cette histoire n’est pas juste une histoire du passé, elle s’invite régulièrement dans notre quotidien.

En effet, la tradition juive demande, chaque fois que nous apercevons un arc-en-ciel, de proclamer l’alliance NoaHide sous la forme de la bénédiction suivante :  » Tu  es source de bénédiction, Éternel notre Dieu, roi du monde, qui conserve ton alliance. « 

Pour conclure, citons le Midrach : une des raisons pour lesquels l’anéantissement n’a pas été total, lors du déluge, est qu’un des descendants de Noé est Abraham; Abraham, autre interlocuteur de Dieu, pour fonder une alliance encore plus précise, l’alliance Abrahamique.

Paracha Béréchit : avons-nous le choix ?

Nous reprenons la lecture de la Torah avec la première paracha de la Genèse, la paracha Béréchit.

La création du monde (il y a 5777 ans, selon la tradition juive) nous fait songer au principe du déterminisme. Ne sommes-nous que de simples pièces d’un système de causes et de conséquences ? Ne sommes-nous que des éléments de matière au sens des sciences exactes, sans pouvoir sur notre destinée ? Pour parler simplement, avons-nous le choix ?

La paracha Béréchit nous met sur la voie, en attirant notre attention sur les spécificités humaines en rapport avec cette problématique.

Pour approfondir ce thème, une petite vidéo et un article qui la commente, sur la paracha de la semaine !

La paracha Béréchit du sefer Béréchit (Genèse) 1:1 à 6:8 et la question du choix

Bien évidemment, aucun d’entre nous n’a été témoin de la création du monde. En revanche, nous avons tous une connaissance concrète de l’existence de la matière.

La question se pose, pour les rationalistes comme pour les mystiques, de savoir si l’être humain est totalement prisonnier du déterminisme (le principe de causalité), ou bien s’il dispose d’un degré de liberté dans le choix de sa destinée. Cependant, si nous bénéficions de ce degré de liberté, de quel type est la liaison entre notre liberté non matérielle et notre corps fait de matière.

La paracha Béréchit est le récit de la création de l’univers dans son ensemble. En fait, les premiers chapitres de cette paracha nous font des récits sensiblement différents de cet événement. À la question du choix qui pourrait être le nôtre, un élément de réponse est déjà donné par la structure même du texte de la paracha. La création de l’humanité est exposée de plusieurs façons. Libre à nous de choisir celle qui nous paraît nous représenter le mieux.

D’ailleurs, un principe philosophique consiste à définir la conscience comme la faculté qu’a l’être humain de se représenter ce qu’il est, de se regarder lui-même. De la sorte, nous existons en tant qu’objets et en tant que sujets capables d’examiner les objets que nous sommes.

Nous allons nous concentrer sur 2 récits de la paracha ayant pour objet la création du couple homme-femme et la connaissance du bien et du mal.

Récit du chapitre 1 :

Béréchit 1:27. « Et l’Éternel créa l’Homme à son image. À l’image de Dieu il le créa. Mâle et femelle furent créés à la fois. »

Adam harichon, le premier humain, a été créé. L’homme, Adam, et la femme, Ève, n’ont fait qu’un à la création. Peu après Ève a été dissociée d’Adam. Ce récit, qui a pour pivot le mot « bara » (בָּרָא), verbe de la création, est totalement égalitaire envers les 2 sexes.

Béréchit 1:29. « Dieu ajouta: voici que je vous accorde toute plante portant semence, sur toute la face de la terre, et tout arbre avec des fruits portant semence. Ils vous serviront de nourriture. »

Dans ce verset du chapitre 1, l’arbre de la connaissance du bien et du mal n’est pas mentionné. Les fruits de tous les arbres, sans exception, sont offerts à Adam et Ève.

Récit du chapitre 2 :

Béréchit 2:7. « Alors, l’Éternel, Dieu façonna l’Homme avec la poussière du sol et souffla dans ses narines le souffle de la vie, et l’Homme devint un être vivant. »

D’après ce texte, l’Homme a été construit par Dieu, et c’est un souffle de Dieu qui l’a rendu vivant. Un caractère divin est entré en l’Homme à sa création. L’Homme serait donc d’une double essence : essence matérielle avec son corps et essence divine avec la vie. Ainsi, par la volonté de Dieu, l’Homme s’est retrouvé doté de la raison, de la conscience, de la liberté de pensée et d’action .

Béréchit 2:16 à 2:17. « L’Éternel, Dieu donna un ordre à l’Homme, en disant: tous les arbres du jardin, tu peux t’en nourrir à satiété…Mais l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas: car du jour où tu en mangeras, tu devras mourir. »

L’Homme s’est vu interdire la consommation du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Mais Dieu a rendu accessible à l’Homme ce fruit interdit, en l’investissant de la raison et de la liberté d’action. L’Homme s’est retrouvé délibérément soumis à la tentation par Dieu; Dieu qui avait planté l’arbre de la connaissance en plein milieu du jardin d’Éden.

Nous pouvons faire le parallèle avec un mythe antique de la connaissance, celui du vol par Prométhée du savoir des dieux. Après le vol, Prométhée a transmis le savoir des dieux aux hommes sous une forme dissimulée du feu sacré, en s’attirant les foudres de Zeus, le roi des dieux. Dans le récit de la Torah, c’est l’être humain lui-même, en tant que représentant de toute l’humanité, qui se saisit du savoir. Le savoir ne lui était pas caché, mais lui était rendu accessible par Dieu lui-même. Resterait à élucider la question de la transgression que représente l’accès au savoir, et qui est bien plus complexe qu’une simple interdiction.

La suite des événements se situe au chapitre 3 de la paracha :

Béréchit 3:6 à 3:7. « La femme jugea que l’arbre était bon pour la nourriture, qu’il était attrayant à la vue, précieux pour le savoir; elle cueillit de son fruit et en mangea; puis en donna à son mari, et il en mangea…Alors leurs yeux à tous deux s’ouvrirent, et ils se rendirent compte  qu’ils étaient nus; ils cousirent ensemble des feuilles de figuier, et s’en firent des pagnes. »

Ève a mis à profit la liberté accordée par l’Éternel pour transgresser son injonction et inviter Adam à la transgresser également. Le courroux de l’Éternel s’est alors exercé sur Ève et Adam :

Béréchit 3:16 à 3:19. « À la femme il a dit:..tu enfanteras dans la douleur; la passion t’attirera vers ton mari, et il te dominera…Et à l’homme il a dit:..c‘est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes à la terre d’où tu as été tiré: car poussière tu fus, et poussière tu redeviendras. »

Le message délivré par la paracha

Grâce au fruit de la connaissance, l’être humain est libre; à cause de ce fruit, il ne peut plus être éternel.

Ce qui permet à l’Homme de vivre libre est ce qui fait qu’il doit mourir.

La lecture de la paracha nous montre à quel point la liberté est précieuse et risquée. Adam et Ève ont pris le risque de la liberté. En conséquence de leur transgression, l’Homme est devenu mortel. Depuis, son éternité s’exerce par la continuité de l’espèce humaine : la naissance, l’existence, la reproduction, la transmission du savoir, la mort. La mort qui est la garantie d’un renouvellement permanent dans la continuité.

La liberté nous donne le choix de notre destinée de façon très relative. Elle ne nous offre aucune certitude. La liberté est d’une autre dimension que celle de l’espèce humaine, elle n’est pas du domaine de la causalité, elle peut nous dépasser. Nous devons la gouverner du mieux possible dans les choix qui se présentent à nous.

 

 

La paracha pour parler de la vie… VayichlaH

VayichlaH, il envoya

La dispute entre Jacob et Esaü était lourde et violente. Jacob avait dû partir, sa mère Rébécca devait l’envoyer chercher une fois la colère de son frère Esaü apaisée. 20 ont passé. Rébecca n’a pas rappelé Jacob. Au cours de ces 20 années, Jacob a épousé deux femmes et leurs deux servantes, il est devenu le propriétaire de nombreux troupeaux, il est le père de 12 enfants (11 fils et une fille). Malgré ces années et ces événements, la colère reste vive entre les deux frères. Jacob décide de faire face aux vieilles querelles et de revenir.

Qu’en pensez-vous ? Est-il normal d’avoir des querelles familiales ? Est-il simple de s’accorder avec ses frères et sœurs ? Est-il normal que les querelles durent ? Faut-il fuir la dispute, comme Jacob l’a fait, et dans quelles circonstances ? Faut-il revenir et faire face aux désagréments, comme le fait maintenant Jacob ?

Jacob va mettre en place différentes stratégies pour se protéger de la colère de son frère. Il lui envoie des cadeaux, il divise ses possessions pour éviter que tout puisse être détruit d’un seul coup, il se prépare à se défendre physiquement.

Qu’en pensez-vous ? Quelle est/ quelles sont les bonnes façons de se protéger ? Lesquelles sont préférables ?

Finalement, lorsque Jacob retrouvera Esaü, ils tomberont dans les bras l’un de l’autre.

Qu’en pensez-vous ? Est-ce crédible ? Qu’est-ce qui a pu provoquer l’apaisement d’Esaü ? Ils ne parlent pas du passé. Est-ce sain ?

Ils se sépareront ensuite, mais se retrouveront au moment de la mort de leur père Isaac.

Qu’en pensez-vous ? Pourquoi se sont-ils séparés ? Quand les grands-parents meurent, comment les enfants reprennent-ils le flambeau ? Chez qui célèbre-t-on PessaH quand les grands parents ne sont plus là pour rassembler tout le monde ?