Paracha Yitro : les Dix Commandements sont-ils universels ?

Globalement, l’ensemble des lois est à scinder en deux sous-ensembles :

– tout d’abord, les lois relevant de la nature, de la physique de l’univers, du fonctionnement d’outils matériels, et plus généralement de la causalité. Nous pouvons nous accommoder de ces lois, tenter de les maîtriser, nous en servir dans notre vie courante, mais nous ne pouvons pas les modifier.

– ensuite, les lois créées par l’être humain. Ce sont, par exemple, les règles de moralité, les conventions établies au sein des collectivités, les prescriptions de la vie en société et en nation, ou le droit international.

Dans le second sous-ensemble, sont à différencier deux types de lois: d’abord les lois s’appliquant à la totalité de l’humanité, que nous pourrions qualifier de naturelles ou d’universelles, en ensuite des lois particulières à un groupe humain, un peuple ou une nation.

A quel type de loi, doit-on rattacher les Dix Commandements de l’Éternel, énoncés dans la paracha Yitro ?

Pour approfondir ce thème, une petite vidéo et un article qui la commente, sur la paracha de la semaine !

La paracha Yitro du sefer Chémot (Éxode) 18:1 à 20:23 et les lois

La Torah est un recueil d’histoires mais aussi de préceptes. Certaines lois de la Torah, sont considérées comme universelles, c’est à dire applicables à l’ensemble de l’humanité. La première d’entre elles a été donnée par Dieu à Adam harichon dans le jardin d’Éden. Viennent ensuite les sept lois de Noé, dont l’une commande, justement, aux êtres humains de concevoir un système juridique de vie collective.

Rappelons les sept lois de Noé (les lois NoaHides) : obligation d’établir des institutions judiciaires – interdiction de blasphémer – interdiction de pratiquer l’idolâtrie – interdiction d’assassiner – interdiction des unions illicites – interdiction de voler – interdiction de consommer la viande prise sur un animal vivant.

La paracha Yitro décrit le don des Dix Commandements de l’Éternel aux enfants d’Israël, trois mois après leur sortie d’Égypte. Les hébreux sont désormais libres et sont sur le chemin de la constitution d’une nation. Leur liberté, durement acquise, doit s’accompagner de justice. Les Dix Commandements sont la racine de cette justice indispensable.

Les Dix Commandements se sont progressivement répandus au delà des enfants d’Israël. Le monde chrétien les a adoptés. Ils ont étés repris symboliquement par la déclaration des droits de l’homme et du citoyen en France, en 1789; qui elle-même à été reprise sur le plan international. Les Dix Commandements sont devenus une référence universelle.

Le nom, Yitro, de notre paracha est révélateur de la tendance à l’universalité. Yitro, prêtre Midianite, est le beau-père de Moïse. Il n’appartient pas aux enfants d’Israël mais rejoint quand-même les hébreux après leur sortie d’Égypte.

Chémot 18:9 à 18:12. Yitro se réjouit de tout le bien que l’Éternel avait fait à Israël, en le sauvant de la main des égyptiens… et il dit: « Loué soit l’Éternel, qui vous a sauvés de la main des égyptiens et de celle de Pharaon… À présent, je sais que l’Éternel est plus grand que tous les autres dieux »…Alors, Yitro, beau-père de Moïse, offrit un holocauste et d’autres sacrifices à Dieu, et Aaron et tous les anciens d’Israël vinrent partager le repas du beau-père de Moïse, devant Dieu.

Yitro s’incline face à l’Éternel et lui rend hommage en présence des Sages d’Israël. Se serait-il converti au Judaïsme ? Les commentateurs n’en sont pas certains. Toutefois, le comportement de Yitro va dans le sens de l’universalité des valeurs du Judaïsme que l’on penserait plutôt particulières. Par ailleurs, Yitro donne des conseils d’organisation du travail et de délégation à Moïse, des conseils de logique et de bon sens sans frontière. N’est-ce pas une façon de commencer à associer l’universel et le particulier ?

Le Judaïsme nomme les Dix Commandements d’une façon qui lui est propre. La traduction exacte de l’hébreu « aséret hadiberot » (עֲשֶׂרֶת הַדִּבְּרוֹת) est « Les Dix Paroles », et non pas Les Dix Commandements. Le terme « commandement » implique la contrainte et l’obligation hiérarchique, alors que le terme « parole » fait penser au dialogue, à la négociation, à l’échange.

La confusion vient aussi de ce que la Torah écrite présente la révélation des Dix Commandements sous forme d’une séance « son et lumière » organisée par Dieu. Cette représentation n’a rien d’une négociation bilatérale et apparaît comme une injonction à sens unique.

Chémot 19:16 à 19:18. Au troisième jour, le matin venu, il y eut des tonnerres, des éclairs, une nuée épaisse sur la montagne et un son de cor très fort. Tout le peuple se mit à trembler dans le camp…Moïse fit sortir le peuple du camp et le conduisit à la rencontre de Dieu. Le peuple s’arrêta au pied de la montagne…Le mont Sinaï était tout fumant, parce que l’Éternel était descendu dans le feu. Sa fumée montait comme la fumée d’une fournaise et toute la montagne vibrait violemment.

Ce texte présente un aspect spécifique du don de la Torah: Il se peut qu’à certains moments nous ayons besoin de démonstrations de force, comme pour les enfants d’Israël sortant d’Egypte après des siècles d’oppression. Il ne faut pas généraliser car la tradition juive est surtout favorable à une approche personnalisée et douce des commandements, qui donnent un cadre de vie et ne bloquent surtout pas l’exercice du libre jugement. C’est ici, l’occasion de faire le point sur le sens et la valeur de la Torah écrite dans le Judaïsme :

D’un côté, nous avons l’ensemble des commandements (613 au total), et les récits traditionnels de la Torah écrite, à reconnaître comme la base de notre culture juive. D’un autre côté, nous devons prendre en considération le très grand nombres de prescriptions et commentaires issus du Talmud, de la Torah écrite ou orale et d’autres sources de réflexion postérieures. Ces prescriptions, qui résultent de l’étude, de la recherche, de l’évaluation des différentes interprétations de la Torah, ont abouti à l’élaboration de la Loi Juive, la Halakha (הלכה).

La Loi Juive est évolutive, donc la Torah écrite est un texte vivant. Les écrits de la Torah ne sont pas à interpréter de façon étroite et rigide. « Torah » signifie « enseignement » et non pas « loi ».

Revenons maintenant à la distinction entre lois universelles et lois particulières. Ils est certain qu’un nombre réduit de lois peut s’appliquer à l’ensemble de l’humanité. Le bon sens nous fait penser que ce noyau dur de lois est très proche des lois NoaHides et des Dix Commandements; ceux-ci pourraient donc être jugés comme universels. Dans ce cas, qu’elles seraient les lois particulières au peuple Juif ? Ne seraient-elles pas inscrites dans les traités du Talmud  et regroupées dans la Halakha ?

La Loi Mosaïque, la Loi Juive et les Dix Paroles

La Loi Mosaïque est l’ensemble des prescriptions données par Moïse aux enfants d’Israël et consignées dans la Torah. Les Dix Paroles y sont incluses. La Loi Mosaïque semble être le résultat d’une fusion entre les lois universelles et les premières lois particulières au peuple juif. L’expression « Loi Mosaïque » fait bien sûr référence à la loi de Moïse, mais nous fait également penser au sens courant du terme « mosaïque », un dessin composite fait de petits carreaux de faïence. Cette image est assez juste. La Loi Juive (la Halakha), dont le point départ est la Loi Mosaïque, n’est-elle pas une mosaïque de lois, l’association d’une multitude de petits éléments de sagesse de différentes époques ? Il nous appartient de la mettre en oeuvre, de la façon la plus juste, et de la faire évoluer au fil du temps.

Paracha PinHas : le meurtre politique est-il une solution ?

La violence traverse le temps, les sociétés, les cultures et sous diverses formes elle s’impose à nous.

En ce jour de jeûne du 17 Tamouz, nous sommes particulièrement sensibles à ces problématiques.

Elle peut être physique, verbale ou psychologique. Son caractère est protéiforme. Quand on cherche à la stopper quelque part, elle surgit ailleurs sous un autre aspect. Aucun dispositif permettant d’éradiquer totalement la violence (au moins physique) n’a encore été trouvé.

Comment doit-on se comporter face à la violence ? Peut-on la justifier ? Est-elle une caractéristique du genre humain à laquelle nous n’échapperons jamais ? Le meurtre politique en est un type particulier. Peut-il être considéré comme un acte légitime et approprié, pour contrecarrer des troubles graves dans une société ?

Pour approfondir ce thème, une petite vidéo et un article qui la commente, sur la paracha de la semaine !

La lecture de la Torah nous invite à réfléchir à ce sujet; en particulier la lecture de la fin de la paracha Balak et celle de la paracha PinHas (Sefer Bamidbar 25:10 à 30:1)

Bamidbar 25:1 à 25:3. « Israël s’établit à Chittîm. Là, le peuple se livra à la débauche avec les filles de Moab. Elles convièrent le peuple à leurs festins idolâtres; et le peuple mangea, et il se prosterna devant leurs dieux. Israël se prostitua à Baal-Péor et le courroux de l’Éternel s’alluma contre Israël. »

Selon le Talmud Sanhédrin, le prophète Balhaam, dépité par ses échecs précédents, a donné comme conseil aux ennemis des enfants d’Israël de viser leur point le plus faible, la sexualité. Ainsi, les filles de Moab et de Midian sont allées les séduire et les contraindre, pour qu’ils puissent continuer à profiter de leurs faveurs, à adorer le Dieu Péor.

L’Éternel très en colère de ces agissements s’adresse à Moïse :

Bamidbar 25:4. « Et l’Éternel dit à Moïse: prends tous les chefs du peuple et fais les pendre au nom de l’Éternel, à la face du soleil, pour que la colère divine se détourne d’Israël. »

Moïse obéit et les coupables sont tués, mais un événement inimaginable se produit :

Bamidbar 25:6. « Cependant, quelqu’un des Israélites s’avança, amenant parmi ses frères la Midianite, à la vue de Moïse, à la vue de toute la communauté des enfants d’Israël. »

Pour provoquer les autorités, un enfant d’Israël nommé Zimri et sa compagne Midianite nommée Cozbi, décident de pratiquer l’acte sexuel en public. Moïse stupéfait ne sait que faire. PinHas, un prince d’Israël, réagit à sa place.

Bamidbar 25:7 à 25:8. « A cette vue, PinHas…se leva du milieu de la communauté, arma sa main d’une lance, entra sur les pas de l’Israélite dans la tente, et les transperça tous deux…aux parties génitales; et le fléau cessa de sévir parmi les enfants d’Israël. Et ceux qui moururent du fléau furent vingt quatre mille. »

PinHas, en commettant un meurtre, stoppe la dérive du peuple d’Israël. Il sauvegarde son unité et, par-dessus tout, sauvegarde l’alliance avec l’Éternel dans le cadre de son institution. Par un acte d’une extrême violence, PinHas devient un personnage central de l’histoire d’Israël. Pour lui signifier sa reconnaissance, Dieu interpelle Moïse :

Bamidbar 25:10 à 25:13. « PinHas…a détourné ma colère de dessus les enfants d’Israël, en se montrant jaloux de ma cause au milieu d’eux…C’est pourquoi, tu annonceras que je lui accorde mon alliance de paix. Lui et sa postérité après lui posséderont, comme gage d’alliance, le sacerdoce à perpétuité. »

Dieu noue une alliance de paix avec PinHas. Pour concrétiser cette alliance, il décide d’ordonner prêtres d’Israël PinHas et sa descendance. Ainsi, Dieu manifeste sa volonté de voir la paix et la reconstruction de la communauté se substituer à la violence. Dieu a, apparemment, approuvé l’acte de violence de PinHas en de telles circonstances exceptionnelles. Cette approbation est très difficile car elle soulève une question délicate: quand la violence est-elle acceptable? Est-elle même acceptable? Où commence et où s’arrête la « légitime défense »? Nous y reviendrons dans la conclusion de notre commentaire.

Dieu ordonne alors à Moïse et à Eléazar de dénombrer les forces vives d’Israël :

Bamidbar 26:1 à 26:2. « Et, à la suite de la mortalité due au fléau, l’Éternel dit à Moïse et à Eléazar…: faites le relevé de la communauté entière des enfants d’Israël, depuis l’âge de vingt ans et au-delà, par familles paternelles, de tous ceux qui sont aptes au service armé… » 

Puis l’Éternel demande à Moïse de gravir la montagne pour contempler la terre promise qu’il n’atteindra jamais, et lui annonce sa fin proche.

Bamidbar 27:12 à 27:13. « …monte sur cette hauteur des Abarim, pour contempler le pays que j’ai donné aux enfants d’Israël. Quand tu l’auras contemplé, tu iras rejoindre tes pères… »

Josué est désigné successeur de Moïse :

Bamidbar 27:15 à 27:18. « Alors Moïse parla à l’Éternel en ces termes: que l’Éternel…institue un chef sur cette communauté…Et l’Éternel dit à Moïse: fais approcher de toi Josué, fils de Noun, homme animé de mon esprit, et appose ta main sur lui. »

Dieu veut savoir sur qui il peut compter, parmi les enfants d’Israël, pour un nouveau départ.

Ensuite, le rite des offrandes au Temple, lieu fédérateur du peuple, est redéfini. L’instauration et la programmation des grandes fêtes, moments de rassemblement et de recueillement, sont réalisées.

Bamidbar 28:16 à 30:1. « Au premier mois, le quatorzième jour de ce mois, la Pâque sera offerte à l’Éternel. Et le quinzième jour du même mois, c’est fête. Durant sept jours vous mangerez des azymes…Au septième mois, le premier jour du mois, il y aura pour vous un saint rassemblement. Vous ne ferez aucune œuvre servile. Ce sera pour vous le jour du son du Chofar…Et au dixième jour de ce septième mois, il y aura pour vous un saint rassemblement et vous mortifierez vos âmes… »

Un nouveau cadre est institué afin que soient traités avec calme, sérénité et sans violence physique les événements futurs.

Le message délivré par la paracha PinHas et dont nous devons nous inspirer :

Encore aujourd’hui, le recours à la violence est le seul moyen de résolution de certaines situations dangereuses. Cela doit s’arrêter. Ayons la volonté de mettre en place un cadre, un dispositif, non belliqueux et juste, de règlement des conflits et des drames.

La Torah écrite comme la Torah orale insistent en permanence sur l’importance de la justice; l’établissement d’un système juridique est même l’une des 7 lois universelles données à Noé selon les rabbins. PinHas trouve sa place dans le cadre sacerdotal, en tant que prêtre, qui doit établir une « alliance de paix » et un rituel qui unit et offre un cadre de résolution des conflits. Les conflits trouvent une solution juridique au tribunal, et une solution « psycho-sociale » dans les rituels du temple.

Nous sommes encore à la recherche de ce cadre idéal de non recours à la violence. Nous ne l’avons pas encore trouvé et pourtant, rationnellement, il existe. Nous devons persévérer. La concrétisation de ce cadre ne dépend que de nous. C’est peut-être ce cadre idéal que l’on appelle « civilisation ».

Paracha Balak : comment devenir invincible?

Que dire de l’invincibilité ? N’est-elle qu’un rêve, une utopie, un idéal que nous partageons tous ? Distinguons l’invincibilité physique, concrète et matérielle de l’invincibilité des idées, morale et spirituelle. Elles sont très différentes par leur forme et leurs conséquences. « Invincibilité » signifie quasiment « réussite assurée ». Développons ce thème en nous référant à l’histoire et aux traditions du peuple juif.

Pour approfondir ce thème une petite vidéo et un article qui la commente, sur la paracha de la semaine!

La paracha Balak du sefer Bamidbar (22:2 à 25:9)

Les hébreux commencent leur entrée en terre de Canaan occupée par plusieurs petits royaumes. Pour y parvenir ils doivent traverser le royaume des Amoréens. Les enfants d’Israël demandent de pouvoir passer. Ils promettent de ne pas utiliser les ressources du pays. Leur roi, SiHon, refuse et envoie son armée pour les détruire. Son armée essuie une cuisante défaite. Les hébreux décident ensuite de s’emparer du royaume de Basan. Le roi de Basan, Og, fait de même que SiHon et est vaincu à son tour. Les hébreux continuent leur pénétration inexorable en direction du royaume de Moab. Balak, roi de Moab, est très inquiet et cherche à trouver le moyen d’empêcher l’avancée des enfants d’Israël.

Bamidbar 22:2 à 22:7. « Alors, Balak, fils de Zippor, vit tout ce que Israël avait fait aux Amoréens…Moab commença à ressentir…un effroi mêlé d’aversion…Et Balak…envoya des messagers à Balhaam, fils de Béor, à Péthor…pour lui dire : Voici qu’un peuple est sorti d’Égypte. Il a couvert la terre aussi loin qu’on peut voir et il habite juste en face de moi…Maintenant viens, maudis-moi ce peuple car il est plus puissant que moi…car je sais que celui que tu bénis est béni et celui que tu maudis est maudit…Les anciens de Moab et les anciens de Midian firent route…et ils allèrent chez Balhaam et lui dirent les paroles de Balak. »

Balak, roi de Moab, voyant que les enfants d’Israël sont invincibles militairement décide de les attaquer autrement : moralement. L’arme nouvelle est la malédiction prononcée par le prophète Balhaam. Celle-ci est censée briser l’alliance des enfants d’Israël avec Dieu. Après avoir reçu les messagers du roi Balak, le prophète Balhaam consulte l’Éternel qui lui interdit de maudire Israël.

Bamidbar 22:12. « Dieu dit à Balhaam : Tu ne dois pas aller avec eux. Tu ne dois pas maudire ce peuple car il est béni. »

Balhaam commence par refuser la requête de Balak puis il se laisse convaincre malgré l’interdiction divine. A trois reprises Balhaam gravit la montagne pour accomplir sa mission. Chaque fois, Balhaam est touché par l’inspiration divine et les malédictions qu’il tente de prononcer sont transformées en bénédictions.

Bamidbar 24:2 à 24:9. « Quand Balhaam leva les yeux et vit les enfants d’Israël qui résidaient selon leurs tribus, l’esprit de Dieu fut sur lui…il dit : …que tes tentes sont belles, ô Jacob, tes demeures, ô Israël !…Ceux qui te bénissent sont les bénis, et ceux qui te maudissent sont les maudits. »

Les hébreux sont donc demeurés invaincus dans leur puissance morale.

Le Talmud Baba Batra explique ce qu’avait remarqué le prophète Balhaam : les tentes des enfants d’Israël ne se faisaient pas face. L’intimité de chacune était préservée par leur disposition. Cette intimité, propre à la réflexion et à l’étude, renforçait l’individu et le groupe. Chaque individu prenait conscience de ses particularités ainsi que de son rôle et de ses responsabilités au sein du groupe.

Les particularités du peuple juif étendues à l’invincibilité individuelle

Le peuple juif a survécu à toutes les épreuves du temps et de l’histoire. Il a toujours surmonté les agressions dont il a été l’objet. Il est résistant aux invectives, aux attaques morales, aux menaces diverses et aux tentatives de déstabilisation. Il arrive toujours à se relever après un événement cruel. Il ne s’avoue jamais vaincu.

Par ailleurs, donnons un aperçu de sa capacité d’évolution et d’adaptation : la Torah dit que « les descendants de Moab ou de Amon n’entreront pas dans le peuple d’Israël ». Pourtant une femme de Moab nommée Ruth, du fait de sa loyauté exemplaire, a été acceptée. Elle est devenue la mère (arrière-grand-mère pour être exact) du roi David et de toute la lignée messianique. Au sein du peuple juif, elle représente toujours l’espoir et le renouveau.

Abordons à présent l’invincibilité (ou la réussite assurée) dans notre vie personnelle, en tant qu’individu mais aussi en tant que membre d’un groupe. La réussite assurée nécessite, au delà de facultés indispensables, la sauvegarde de moments de retrait sur nous-mêmes. Ces moments nous permeteant de prendre conscience de nos forces, de nos faiblesses, de nos particularités, et aussi d’identifier les attentes du groupe dont nous faisons partie.

Tout en appartenant à un groupe dont nous partageons la vocation, nous restons des individus porteurs de particularités. Ces particularités doivent être jugées de façon positive. Elles enrichissent l’ensemble du groupe.

Notre réussite au sein du groupe, pour ne pas dire notre invincibilité, exige la reconnaissance, le respect et l’estime de ces particularités.