Paracha Metsora : les femmes sont-elles impures ?

Certains associent la pureté, la perfection et la sainteté. Cette observation pourrait être l’objet d’un article à part entière. Tel n’est pas exactement le sujet que nous traitons aujourd’hui, mais gardons cette idée en tête. La conception juive est particulière. L’impureté est pour la tradition juive un état inévitable qui nous touche lorsque notre relation à la vie est troublée par un contact direct avec la mort.

Les femmes sont-elles impures ? Concentrons nous sur cette question en parcourant le texte de la paracha Metsora.

Pour approfondir ce thème, une petite vidéo et un article qui la commente, sur la paracha de la semaine !

La paracha Metsora du sefer Vayikra (Lévitique) 14:1 à 15:33 et le retour à la pureté

A travers le principe de pureté, la paracha Metsora aborde la complexité que tout être humain découvre en songeant à ce qu’il est et à ce qu’il n’est pas. Elle décrit, par exemple, les maux touchant la peau, la peau qui délimite physiquement l’être humain tel qu’il est, dans son milieu. La paracha nous parle de la lèpre, des plaies, des écoulements pathologiques, des écoulements séminaux des hommes, des règles des femmes, en résumé de ce qui est à l’interface du corps et de son environnement.

La question de la pureté et de l’impureté se retrouve à deux niveaux. D’une part, dans les relations avec l’extérieur de nous-même et d’autre part, dans nos relations avec autrui.

Une particularité de la tradition juive est l’établissement d’un lien entre impureté et rapport à la vie. La principale source d’impureté est le contact avec la mort qui ne laisse pas indemne. Il nous inflige une blessure s’atténuant avec le temps mais ne cicatrisant jamais complètement. Il perturbe notre rapport à la vie.

Après le contact avec la mort, il est important d’être sensible à à l’état particulier qui nous touche, et une période de retrait est indispensable. Nous ne pouvons revivre immédiatement comme si rien ne s’était passé. Après avoir constaté de nos yeux que nous sommes périssables, nous ne pouvons pas trouver la joie de vivre aussi facilement qu’avant. Il nous faut du temps pour nous sentir à nouveau purs et renouer avec la vie.

Revenons à notre paracha.

Vayikra 15:1 à 15:3. Et l‘Eternel parla ainsi à Moïse et à Aaron:…« Parlez aux enfants d’Israël et dites-leur: quiconque est affligé d’un écoulement sortant de son membre génital a un écoulement impur…Voici quand aura lieu cette impureté de l’écoulement: si son membre laisse s’échapper le flux ou si il est engorgé par le flux, l’impureté a eu lieu. »

Vayikra 15:13 à 15:15. « Et quand cet homme sera délivré de son écoulement, il devra compter sept jours pour sa purification, puis il devra laver ses vêtements et baigner son corps dans une eau vive, et il sera pur… Et le huitième jour, il se procurera deux tourterelles ou deux pigeons mâles et il se présentera devant l’Eternel, à l’entrée de la Tente d’assignation, et les remettra au prêtre…Le prêtre les présentera, l’une comme offrande expiatoire, l’autre comme holocauste, et il l’absoudra devant l’Eternel de son écoulement. »

L’homme qui souffre d’un écoulement sexuel pathologique est atteint de « toumah », qui signifie « impureté ». Il doit s’éloigner de la communauté pendant sept jours, laver tous ses vêtements, puis s’immerger dans un mikvé pour retrouver la pureté. Il doit ensuite faire un don d’offrandes au Temple.

Il en est à peu près de même pour une femme, lors de son écoulement menstruel :

Vayikra 15:19. « Lorsqu’une femme a un écoulement et que l’écoulement de son corps est du sang, elle devra rester sept jours isolée dans l’impureté de ses règles et quiconque la touchera sera souillé jusqu’au soir. »

Vayikra 15:29 à 15:30. « Et le huitième jour, elle se procurera deux tourterelles ou deux pigeons mâles qu’elle apportera au prêtre, à l’entrée de la Tente d’assignation…Le prêtre présentera l’un des oiseaux comme offrande expiatoire, l’autre comme holocauste, et il l’absoudra devant l’Eternel de l’impureté de son écoulement. »

A noter également, l’impureté temporaire causée par l’accouplement :

Vayikra 15:18. « Dans le cas d’une femme qu’un homme aura habitée charnellement avec émission de semence; tous deux devront se baigner dans l’eau et seront impurs jusqu’au soir. »

En règle générale, la pureté est donc retrouvée après l’accomplissement d’un rite de purification dont les principales étapes sont le retrait pendant un à plusieurs jours, le lavage soigneux des vêtements et des objets souillés, l’immersion dans un bain rituel et l’apport d’offrandes au Sanctuaire.

Soulignons que la situation d’impureté empêche l’apport d’offrandes au Temple. Ceci signifie que l’endroit où nous donnons le meilleur de nous-mêmes, où nous devons nous sentir parfaitement nous-même, nous sentir authentiques et purs, doit être séparé et protégé des aléas de la vie.

Aujourd’hui le Temple n’existe plus. La notion de pureté a pris un sens plus large. L’impureté peut-être tout autant physique que spirituelle. Le rite de purification n’est plus matérialisé tel qu’il l’était, mais il existe encore. Il se déroule maintenant de façon symbolique, pour les femmes comme pour les hommes, dans la pratique de la tradition.

Les femmes sont-elles impures ? Elles peuvent l’être, cependant cette impureté n’est pas réservée aux femmes. Dans certaines circonstances les hommes, eux aussi, sont impurs.

Insistons sur le fait que le lien avec la tradition juive permet le retour à la « pureté », pour les femmes comme pour les hommes, la « pureté » n’est pas une essence, une qualité intrinsèque des uns qui manquerait aux autres, mais un état respectable et réversible. Lire la Torah, aller à la Synagogue, s’intégrer à la communauté, prendre ses distances périodiquement avec les tracas sont des actes qui permettent de se rattacher à ce qui compte le plus pour nous. Il est important d’identifier ce qui nous ramène au meilleur de nous-mêmes.

Paracha Tsav : que symbolise le sang ?

Dans la tradition juive, le sang représente l’âme de la vie, et la vie est sacrée. Ceci explique pourquoi il nous est rigoureusement interdit de consommer le sang de tout être vivant.

Cette interdiction est incluse dans les lois NoaHides, dans la Loi Mosaïque, et dans la Halakha, la Loi juive dans ses évolutions historiques et actuelles.

Le sang représente la vie, et pourtant le sang inspire très souvent de la répulsion. Est-ce parce que l’écoulement de sang est en rapport avec la mort, ou pour d’autres raisons ?

Par ailleurs, le sang ne symbolise-t-il que la vie biologique dans la tradition juive ?

 Réfléchissons à ces questions en lisant la paracha Tsav.

Pour approfondir ce thème, une petite vidéo et un article qui la commente, sur la paracha de la semaine !

La Paracha Tsav du sefer Vayikra (Lévitique) 6:1 à 8:36 et la symbolique du sang

Notre paracha décrit l’utilisation du sang dans la consécration du Temple (le michkan), et des prêtres (les Cohanim), que sont Aaron et ses fils.

Vayikra 8:30. Alors Moïse prit de l’huile d’onction et du sang qui était près de l’autel et en fit l’aspersion sur Aaron et sur ses vêtements, puis sur ses fils et sur les vêtements de ses fils. Ainsi il consacra Aaron et ses vêtements, et avec lui ses fils et les vêtements de ses fils.

Que signifie l’utilisation du sang dans cette consécration ? Que signifie-t-elle dans la tradition juive et pour l’humanité toute entière ?

Il y a une notion d’interdit autour du sang. Le sang est associé à la vie, mais aussi à la mort. Rappelons que dans les textes bibliques, le mot « sang » est souvent utilisé pour désigner le « meurtre »; une métonymie qui prend sa source dans le récit de l’assassinat de Abel par Caïn.

Béréchit 4:10. Dieu dit: « Qu’as-tu fait ? Écoute ! Le sang de ton frère crie du sol vers moi. »

Il est écrit dans le Lévitique, qu’après avoir égorgé un animal nous devons mettre son sang hors de vue, l’ensevelir, le recouvrir de terre ou de sable. Le sang est un attribut particulier de l’animal que nous ne devons pas nous approprier.

Nous avons le devoir de respecter les animaux dont nous mangeons la chair. Il est prescrit dans le Judaïsme d’assurer au mieux le bien-être des animaux en cours d’élevage et de leur donner la mort en les vidant de leur sang le plus rapidement possible; le reliquat de sang étant ensuite éliminé par absorption par le sel.

Entre autres symbolisations, le sang représente la catastrophe et la mort. La première des dix plaies d’Égypte, qui a permis la fuite des hébreux soumis à l’esclavage, a été la transformation de l’eau du Nil en sang.

Chémot 7:17 à 7:18. Ainsi parle l’Éternel: « Voici qui t’apprendra que je suis l’Éternel ! Je vais frapper, de cette verge que j’ai à la main, les eaux du fleuve et elles se transformeront en sang…Les poissons du fleuve mourrons, le fleuve deviendra infect et les Égyptiens renonceront à boire de son eau. »

Toutefois, le sang ne représente pas seulement l’aspect morbide de l’existence, dont nous devrions nécessairement nous démarquer. Le sang symbolise aussi la vie, en ce qu’elle a de sacré, et la fertilité.

L’arrivée des règles chez les jeunes filles est le point de départ de l’engendrement. Lors d’un accouchement, l’enfant voit le jour pendant que le sang se répand.

Le sang évoque le passage de la vie à la mort, comme le passage de la mort à la vie. L’esclavage peut-être assimilé à la mort, et la vie à la liberté.

Peu avant leur sortie d’Égypte, les enfants d’Israël se sont différenciés de l’ensemble de la population en badigeonnant le linteau des portes de leurs demeures de sang d’agneau. C’est ainsi qu’ils ont échappé à la dixième plaie d’Égypte, l’immolation des premiers nés.

Ce sang au linteau des portes est à l’origine de la mézouzah (מזוזה) actuelle apposée à l’entrée des maisons et des pièces. Le sang a été remplacé par l’écrit, l’écrit des rouleaux de parchemin introduits dans les mézouzot.

Citons aussi la brit milah (בְרִית מִילָה), la circoncision des nouveaux nés mâles à l’âge de huit jours. Brit milah, veut dire en français « alliance par la circoncision ». Il se produit pendant cette opération un écoulement symbolique de sang qui marque l’entrée de l’enfant dans l’Alliance et l’éducation juive.

Revenons à notre paracha. Moïse a consacré Aaron et ses fils, les premiers Cohanim, par l’aspersion d’un mélange d’huile et de sang sur leurs corps et sur leurs vêtements de prêtres. Le sang apparaît ici comme un symbole de sanctification nécessaire au sacerdoce.

Lisons la suite :

Vayikra 8:33 à 8:34. « Et vous ne quitterez pas le seuil de la Tente d’assignation durant sept jours, jusqu’au terme des jours de votre installation: car votre installation doit durer sept jours…Comme on a procédé en ce jour, l’Éternel a ordonné qu’on procède encore, pour achever votre propitiation. »

Après les avoir consacrés, Moïse ordonne aux Cohanim de se tenir sept jours et sept nuits à l’entrée de la Tente d’assignation afin qu’ils se préparent à l’accomplissement de leur mission sacrée.

L’humanité, dans son ensemble, accorde beaucoup d’importance au sang sur le plan religieux, ethnique, politique, sociétal, scientifique, médical… Pour tous les peuples, le sang, qui est le vecteur de la vitalité, incite au respect.

Le sang est également une composantes des sacrifices tels qu’ils étaient pratiqués à la période de Moïse et pendant es périodes du premier et du deuxième temple. C’est ici l’occasion de parler du sacrifice d’Isaac qui a été un non-sacrifice et de souligner l’abomination que représente le sacrifice rituel humain pour les Juifs de toutes les époques.

Le sang est donc un symbole à multiples facettes. Il nous renvoie fondamentalement aux grandes transitions de nos vies et nous invite à nous souvenir que notre vie est précieuse et sacré, dans chacune des minutes qui la compose.

Ouverture des inscriptions pour la vie, demain à 18h45!

En cette veille de Roch hachana, nous sommes presque prêts à accueillir le renouveau de l’année.
La synagogue s’est déjà habillée de blanc, le blanc de l’espoir, le blanc de la joie, le blanc aussi qui nous rappelle l’ouverture d’une nouvelle page dans nos vies.

Demain, nous serons nous-mêmes vêtus de blanc, de ce blanc qui dans notre tradition est aussi la couleur du deuil, et nous rappelle que nos vies ont une fin, et qu’en ce sens, nous risquons effectivement notre vie à Roch Hachana.
Gagnerons-nous une année de vie, par notre volonté d’investir cette année de tout son potentiel? Ou perdrons-nous une année, incapables d’en valoriser le bien et de cloisonner l’impact des difficultés?

Réussirons-nous à intégrer toutes les nouvelles connaissances acquises l’an dernier ?
Les connaissances intellectuelles bien sûr, mais aussi les connaissances humaines… Saurons-nous attribuer leur juste place aux événements du passé ?
Que nous dit le passé de ceux que nous sommes ? Nos « échecs » furent-ils des échecs ? Nos « réussites » de vrais succès ?
Avons-nous déjà compris le sens de nos erreurs ou reste-t-il encore du chemin à accomplir ?
Ces questions, nous nous les posons à nous-mêmes, et nous nous les posons mutuellement à Roch Hachana. Nous pouvons en parler avec nos proches, nos familles, nos amis, nos enfants, demain soir, devant la table familiale. Savons-nous vraiment quels sont leurs espoirs? Le fait même d’y penser est une projection vers l’avenir, une invitation consciente que nous faisons à tout notre être, une invitation à nous projeter vers le bien.

Si nous cheminons de Roch Hachana, jusqu’à Yom Kipour, de Soukot jusqu’à SimHat Torah sur les sentiers de l’examen du passé et de la mise en place de l’avenir, l’année qui se présentera devant nous demain soir sera, certainement, une année qui comptera dans nos vies.

Espérons que comme Sarah notre mère nous pourrons dire que chacun des jours de notre vie aura compté de façon pleine et entière.

Soyons prêts à ces jours tissés d’une joie si profonde, par le fait même qu’ils sont redoutables.

Prêts à rentrer dans une nouvelle année, nous, nos proches et nos communautés.
Léchana tova tikatévou ! Faites-vous inscrire pour une année excellente !