Téchouva pédagogique!

Les vacances nous offrent en cadeau une relation parentale libérée des contraintes du quotidien.
Elles nous permettent de préparer l’année à venir, et en particulier les événements de la rentrée.

La rentrée juive est un soutien pédagogique extraordinaire aux valeurs que nous défendons auprès de nos enfants.

Tichri nous invite à approcher la pensée et l’étude des questions fondamentales de la vie avec joie, c’est SimHat Torah, la fête des enfants dans laquelle les grands trouvent une liberté du bonheur partagé.
Tichri nous introduit également dans l’introspection, la critique bienveillance de nous-même. Ce sont les « jours redoutables », Roch Hachana et Yom Kipour, des fêtes pour adultes, grâce auxquelles les enfants peuvent apprécier l’importance que nous accordons au fait de toujours chercher à « grandir » et à nous améliorer, quel que soit notre âge.

Nous avons développé ces questions dans les deux précédents articles.
Voyons comment notre exemple peut également inspirer nos enfants dans leur cheminement.

En tant que parent, nous pouvons choisir de partager nos espoirs, nos réussites et nos échecs avec nos enfants, dans une mesure adaptée à leur compréhension bien sûr.

C’est une façon certaine de leur témoigner du respect que nous avons pour l’introspection, de la bienveillance avec laquelle nous jugeons nos échecs et nos imperfections, de l’importance à nos yeux de toujours chercher à mieux faire, sans juger.

Les textes de Roch hachana sont emplis de ces invitations à la bienveillance et à l’amélioration:
Si nous avons commis des erreurs, c’est sans le vouloir.
Nous nous invitons par le chofar, l’étude des textes, l’immersion dans un mikvé, et les offices, à recommencer à nous construire avec de nouvelles forces.
Tel est le sens de cette « téchouva », ce retour au meilleur de nous-même, que nous entreprenons à l’occasion des fêtes de Tichri.

Un autre élément fondamental de cette période est la réconciliation.
Chacun est censé demander pardon, reprendre sur de nouvelles bases non seulement au niveau personnel mais également au niveau relationnel.
Cet aspect n’est pas toujours évident à mettre en œuvre car nos partenaires amoureux, amicaux, familiaux ou professionnels ne sont pas toujours ouverts à cette question.

On peut, en souhaitant une bonne année aux uns et aux autres, ouvrir la discussion avec prudence. « Je voulais te souhaiter une bonne année, nous avons passé du temps ensemble en tant que collègues, et à l’occasion de cette fin d’année, je me demandais si nous pourrions améliorer notre façon de travailler ensemble ? Peut-être as-tu eu l’occasion d’y penser ? Voudrais-tu que nous en parlions à l’occasion ? »
Bien sûr, il nous appartient d’être juges de l’opportunité d’ouvrir ce dialogue et de le conduire au mieux.
Tichri nous invite à nous interroger sur la meilleure attitude à adopter pour permettre une fluidification des relations.

Pour ce qui est de nos enfants, la question est plus simple puisque nous nous appuyons sur notre devoir d’éducation pour leur transmettre ce qui nous tient à cœur. En principe, ils sont convaincus de notre bienveillance à leur égard.

Nous pouvons alors probablement soulever certaines questions. Le principe du fait que nous les aimons et que nous les acceptons dans les différentes composantes de leur personnalité doit être posé de façon évidente. Ceci établi, il est légitime de partager nos expériences…
Qu’aimons-nous dans leur attitude ? Qu’est-ce qui nous est difficile ? Et eux, qu’aiment-ils ? Quels seraient leurs désirs ? Il est normal d’avoir des désaccords, tout ne doit pas être résolu.

Il est des questions à propos desquels nos enfants n’ont pas la maturité pour définir leur meilleur intérêt, et d’autres pour lesquelles nous pouvons de façon discrétionnaire décider de ce qui est ou non acceptables dans nos murs. Ils ont le droit de ne pas être d’accord, et peuvent choisir la meilleure façon pour eux de gérer leur désaccord. Mais dans beaucoup de cas, il est possible d’identifier les besoins de chacun et de trouver les stratégies adéquates pour les satisfaire d’une façon acceptable par le collectif familial en général et par les parents en particulier.

Quel meilleur temps que les vacances, ce moment ensemble, ce moment sans contraintes, pour poser les bases d’un renouveau personnel et relationnel ? Nous pourrons alors ancrer toutes ces discussions et toutes ces décisions en les écrivant, en les racontant, en venant en parler au rabbin et de toute façon qui puisse vous convenir.

N’hésitez pas en tout cas à me faire part de vos commentaires, pour que nous puissions partager nos expériences !

Bonnes vacances 5775, et très bons préparatifs pour 5776 !

Embrasser le passé, Chérir l’avenir – pédagogie de Roch Hachana

L’année scolaire s’est achevée, les vacances sont à leur début, et tout semble possible!
Chaque étape de la vie est l’occasion d’intégrer de nouvelles pratiques susceptibles de nous rendre la vie plus belle.

Comment profiter des vacances?
Ces moments de tranquillité permettent de renforcer les liens familiaux et filiaux, de mettre en place de bonnes pratiques relationnelles qui renforceront la base d’amour si fondamentale pour que nous soyons en mesure de guider nos enfants tout au long de l’année.

Au cours de nos réflexions de ce matin, au cours “Le judaïsme, un atout pour l’avenir de nos enfants”, nous avons envisagé deux directions. Les vacances permettent de mettre en place des habitudes qui nous serviront au quotidien, d’une part, mais aussi de nous préparer à utiliser le plein potentiel pédagogique des fêtes de Tichri. Nous avons pu parler déjà de SimHat Torah, une fête « orientée enfant » par excellence, bien qu’elle soit également très riche spirituellement et intellectuellement.

Les « jours redoutables » pour leur part recèlent un potentiel insoupçonné sur le plan pédagogique.
La faute et les erreurs ne sont pas des fatalités, nous sommes tous unis dans la recherche de notre meilleur nous-mêmes, nous sommes égaux devant nos faiblesses et égaux face à notre potentiel d’amélioration.

Ces messages contribuent à inscrire les enfants dans une identité positive, à se considérer comme des « gens biens ». Les étiquettes influencent notre manière d’être. Celui qui se considère de façon négative a du mal à s’améliorer. Les jours redoutables brisent ces étiquettes, tel est le sens profond du Kol Nidré que nous prononçons solennellement le soir de Kippour.

Pourtant, les étiquettes positives peuvent nous inviter à nous complaire dans le sentiment de notre « bonté ».
Tichri nous enseigne que la seule façon d’être des « gens biens », c’est d’admettre nos imperfections et de chercher à nous améliorer.

Roch hachana et Kipour sont bien sûr fondamentales et jouent un rôle important également pour les plus petits. Pour en tirer un profit pédagogique, nos enfants ont pourtant besoin de notre aide.

En effet, ces fêtes sont avant tout des temps d’introspection.
La porte d’entrée pour les plus jeunes peut se faire de façon ludique, à travers le choix ensemble de vêtements blancs par exemples, qui souligneront le sens de ces fêtes.

On peut prévoir un seder de Roch Hachana, qu’il soit traditionnel selon les différentes coutumes séfarades ou créatif à la mesure des désirs de nos enfants. L’idée est de choisir notre menu préféré ainsi que des mets symboliques qui représentent nos espoirs pour l’année à venir.
Le seder traditionnel s’appuie sur des jeux de mot en araméen.
Il est tout à fait possible de se tourner vers des jeux de mots (laids) en français. Ainsi, des bananes, permettront de se souhaiter une « banne année », des pêches pour avoir la pêche, et on peut décliner cela à l’infini.

Roch hachana implique également une vision rétrospective de nos vies et une prise de décision concernant l’année à venir. Comment partager cela avec nos enfants?

Tous les moyens sont bons.
On peut leur demander de dessiner les trois évènements les plus marquants de l’année, ou leur proposer de les raconter.
On peut reprendre leur cahier de texte et parler de la façon dont ils ont vécu chaque saison, les différentes étapes scolaires, les différentes vacances, les événements familiaux, qu’ils soient joyeux ou douloureux.
On peut ouvrir les albums photo.
Nous avons ainsi une nouvelle chance de poser des mots sur leurs expériences.

Pour ce qui est de la projection dans l’avenir, on peut parler avec eux de leurs espoirs pour l’année à venir, les plus jeunes et les plus créatifs peuvent une fois de plus passer par le dessin et se représenter dans leur future classe de CM2, raconter leur entrée en 6e, envisager ce que seront leurs espoirs, leurs défis et leurs atouts lors de leur entrée à l’université…
Ce sont également des thèmes à aborder à la table familiale, chacun prenant ainsi la mesure de l’importance des différents enjeux de chacun.

Il sera alors plus facile de faire preuve d’empathie, de garder la maison calme lorsque l’ainé prépare des examens ou d’augmenter ses capacités de tolérance au chahut quand la petite dernière fête son anniversaire!
Il est possible de garder les dessins ou les récits de nos espoirs pour l’année à venir et de les revisiter en fin d’année, lorsque un nouveau cycle recommencera… Ce qui a vraiment compté pour nous, était-ce justement ce que nous attendions ou d’autres événements imprévus?

Les dessins pourront également trouver leur place sur le mur du salon pendant la période des fêtes, ou dans la souka, et pourquoi pas sur les murs de la synagogue, pour que vos enfants s’y sentent bien chez eux!
On peut imaginer par exemple un dessin de l’espoir, reprenant nos aspirations pour l’année à venir, sur lequel travailler pendant les vacances, à accrocher dans le salon à l’occasion de roch hachana et à amener à la synagogue pour kipour… De cette façon, les dimensions individuelles et collectives qui sont représentées au cours des fêtes de tichri trouveront également leur place pour chacun d’entre nous.

N’hésitez pas à me faire partager le fruit de vos réflexions et de vos expériences… Les dessins des plus ou moins jeunes seront également bienvenus…

Les vacances – Une étape décisive!

L’année scolaire s’est achevée, avec ses malédictions, les vacances commencent, avec leurs bénédictions! (voir « aHot Kétana », cette magnifique prière d’entrée dans l’année nouvelle juive).

Chaque étape de la vie est l’occasion d’intégrer de nouvelles pratiques susceptibles de nous rendre la vie plus belle.

Comment profiter des vacances?
Ces moments de tranquillité permettent de renforcer les liens familiaux et filiaux, de mettre en place de bonnes pratiques relationnelles qui renforceront la base d’amour si fondamentale pour que nous soyons en mesure de guider nos enfants tout au long de l’année.

Au cours de nos réflexions de ce matin, au cours « Le judaïsme, un atout pour l’avenir de nos enfants », nous avons envisagé deux directions.

1 – peaufiner le quotidien…
La première et de profiter du calme des vacances pour mettre en place des éléments pédagogiques et des habitudes de vie auxquelles nous aspirons. D’un point de vue juif, on peut commencer un allumage des bougies du chabbat, apprendre quelques chants à partager à cette occasion, commencer à lire un livre qui raconte la paracha de la semaine… On peut chaque semaine prévoir un temps pour chercher un jeu de société à ouvrir et à tester spécialement le chabbat suivant. Ces jeux pourront ensuite marquer joyeusement les chabbatot tout au long de l’année à venir. On peut profiter de l’été pour préparer des sets de tables spécifiques pour chacune des fêtes juives à venir, apprendre des chants, adopter des défis pour réviser son hébreu…

2 – se préparer à une transformation téchouvatesque!
La seconde façon de mettre à profit les vacances consiste à préparer plus spécifiquement les fêtes de Tichri. Roch hachana, Kipour, Soukot et SimHat Torah sont des fêtes de fondation et de re-fondation, sur lesquelles on peut s’appuyer sans modération !
Ces fêtes permettent un renforcement entre les valeurs de la maison et les valeurs de la culture juive. Ce n’est pas simplement nous qui demandons à nos enfants de travailler leurs qualités humaines. C’est la communauté juive dans son ensemble qui s’inscrit dans un processus de Téchouva, de retour à soi-même, de culture du meilleur de soi-même.

Les notions de Tichri peuvent sembler abstraites. Pourtant, chaque âge a sa propre porte d’entrée dans cette belle dynamique. Nous étudierons cela au fil des semaines à venir…

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Par ailleurs, toutes les idées sont les bienvenues ici, n’hésitez pas à les partager, je serai toujours heureuse de vous répondre…

D’ici-là, très bons préparatifs pour vos vacances à venir, pour qu’elles soient fondatrices de bons moments à prolonger tout au long de l’année…

Entrainons-nous encore à gagner les concours de circonstances

« Bar Hédia était un interprétateur de rêve….

Celui qui lui donnait une pièce, il le lui interprétait en bien, celui qui ne lui donnait pas de pièce, il le lui interprétait en mal.

Abbayé et Rava firent un rêve.

Abbayé lui amena une pièce, et Rava ne lui en donna pas. »

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L’histoire commençait bien, le rêve, ce qui s’exprime de notre conscience libérée par la nuit, la remise en place de nos pensées, et quelqu’un qui interprète. L’interprétateur allait nous donner peut être la clef de la vérité!

Mais  l’illusion se brise, bar Hédia était cupide, il ne donnait pas la clef des rêves, il redessinait les paysages à son propre avantage

Deux grands sages, deux amis-opposants, deux baalé maHloket, préoccupés par les mêmes questions, un même rêve, que vont-ils en faire ?

Ils amènent leurs pensées intimes à un interprétateur de rêves, ne croient-ils pas en leur propre sagesse ? Bar Hédia est corrompu, mais ça, ils ne le savent pas encore. Ces deux leaders,  des amoraim babyloniens du 4e siècle, Abayé, dirigeant de la yéchiva de pombedita , Rava, fondateur de la yéshiva de MéHoza, ont, comme nous, des questionnements douloureux.

Voici ce que Rava et Abbayé ont vu en rêve, ce que bar Hédia leur a dit.

Ils lui dirent : J’ai vu dans un rêve le verset suivant Ton bœuf sera égorgé sous tes yeux (deut 28)

A Rava il dit Ton commerce va faire banqueroute et tu n’auras plus envie de manger à cause de ta peine.

A Abbayé il dit Ton commerce va prospérer et tu n’auras plus envie de manger tellement ta joie sera grande

Ils lui dirent : Nous avons lu aussi, le verset suivant : tes filles seront données à un autre peuple,

A Rava il dit : Tes enfants seront nombreux mais ils se marieront dans la famille de ta femme et ils deviendront comme des étrangers pour toi.

A Abbayé il dit : ta femme mourra puis tes enfants seront soumis à une autre femme

Ils lui dirent encore : Tous les peuples de la terre verront

A Abbayé : ils verront ta renommée en tant que chef de la maison d’étude et tu inspireras la crainte

A Rava : ils verront ton humiliation, on attaquera le trésor royal on te soupçonnera, tu seras arrêté comme voleur et tout le monde éprouvera la crainte d’être soupçonné.

Les préoccupations de ces deux grands sages sont les nôtres, notre subsistance, notre famille, l’héritage que nous laisserons au monde.

Rava et Abbayé ont besoin de soutien et s’ouvrent au plus grand spécialiste de leur époque, de même que nous cherchons conseil.

Et, comme cela nous arrive parfois, ils se font posséder, de même que nous sommes nous-mêmes vulnérables.

Les conséquences en sont dramatiques. En effet, les interprétations de Bar Hédia se réalisent, si bien que Rava perd sa femme, ses enfants et ses richesses.

* * *

Notre peuple aussi a ses rêves, ses espoirs et ses préoccupations.

La liturgie de Roch Hachana nous dit : Faites téchouva, et vous serez inscrits dans le livre de la vie et non dans le livre de la mort.

Certains disent : Si vous ne revenez pas à une pratique orthodoxe, vous mourrez dans l’année. D’autres mettent ces interprétations au passé : la Choa a eu lieu parce que les juifs n’étaient pas assez pratiquants,  le papa de cette petite fille est mort cette année parce qu’il n’avait pas fait téchouva à Roch Hachana ou à Kipour.

Notre mouvement s’oppose à ces culpabilisations, qui enterrent la tradition, qui réduisent le judaïsme à de la superstition.

Les conséquences de ce genre d’interprétation, je les vois au quotidien depuis 16 ans que j’exerce en tant que rabbin, en Israël, en Belgique et maintenant en France, et même depuis mes années d’étude « laïques » en sociologie lors de mes enquêtes sur les croyances des juifs en France.

Notre communauté, le MJLF, et Surmelin, nous sommes activement et profondément engagées dans le combat contre ces discours destructeurs. Nous voulons transmettre le message du judaïsme traditionnel, qui est un enseignement de vie.

Comment interprétons-nous l’inscription dans le livre de la vie ?

Mais comme le veut la tradition, en affirmant que la vie, c’est la justice, les justes sont considérés comme vivant toujours par leur enseignement, les anti-justes comme étant morts, même de leur vivant.

Nous disons : Si vous vous engagez pour la justice et la vérité, vous serez  inscrits dans le livre de la vie, qui est le livre de la justice et du bien.

Si nous nous engageons dans les réflexions de Roch hachana, Kipour et Soukot , notre vie sera encore plus vivante l’an prochain qu’elle ne l’a été l’an dernier.

Le judaïsme n’appartient pas aux « bar Hédia ». Nous en assumons les interprétations.

* * *

Et, fidèle à la tradition, permettez-moi d’appliquer cet enseignement à la question qui préoccupe vraiment les juifs : Qu’est-ce qu’on mange ce soir !

Pour cela, je vais me livrer à un exercice très commun : le détournement verbal.

Comme nous l’enseigne la suite du Talmud BeraHot, le rêve suit la bouche, c’est-à-dire son interprétation.

Mais comme nous sommes juifs, nous pouvons détourner un peu le sens de cette phrase : le rêve suit la bouche, c’est-à-dire la nutrition !

En ce soir de Roch Hachana, les séfarades parmi nous feront tout un seder, mangeront de nombreux mets en prononçant des bénédictions. Les achkénazes parmi nous mangeront de la pomme et du miel, en se souhaitant une année aussi douce que le miel aussi pétillante que la pomme.

Nous mangerons de l’interprétation.

Nous sommes libres de l’interprétation de nos rêves, nous sommes libres de l’interprétation de ce que nous mangeons, de ce que nous ingérons, de ce que nous digérons.

Notre tradition va plus loin encore. Nous interprétons les actes.

* * *

Il y a beaucoup de choses que  nous ne comprenons pas, et qui sont peut-être néanmoins d’une sagesse insoupçonnée.

Prenons un exemple tiré euh du baseball américain. Parlons de ce qu’on nomme la « final offer arbitration ». Il s’agit d’une méthode d’arbitrage révolutionnaire.

Vous n’en avez peut-être pas encore entendu parler, et cela viendra surement.

En quoi consiste l’arbitrage « normal »? Chaque partie présente ses demandes et l’arbitre fait un compromis.

En quoi consiste l’arbitrage « offre définitive » ? Chaque partie propose une solution, l’arbitre choisit l’une des deux solutions sans arbitrer, il a l’interdiction formelle de faire un compromis.

Cela semble fou ?

Mais réfléchissez, ce soir aux conséquences sur la dynamique entre les parties, et vous verrez combien ce procédé est subtil.

On appelle la création de ce type de situation du « game ingeneering », de la « création de jeu », et l’un des leaders en la matière est Robert Aumann.

Nous connaissons dans la pratique juive et dans les textes juifs beaucoup de choses « absurdes ».

Dans le talmud par exemple, et dans le passage de Rava Abbayé et Bar Hédia, avec ses deux rabbins qui se laissent prendre au piège. Mais cette histoire nous aide à comprendre que personne n’est à l’abri des influences néfastes.

Dans la Torah bien sûr, avec les colères divines et les comportements étranges de nos patriarches.

Le cadre des fêtes de Tichri, peut aussi poser question. Pourquoi faire de notre premier de l’an un « jour du jugement » pourquoi venir dire des seliHot à la synagogue à 7 heure du matin, et passer une journée à nous priver de nourriture et à être présent à la synagogue ? Ces actes, simplement, « changent la donne », et ne peuvent être compris que par la pratique et par la réflexion.

Les fêtes de Tichri sont une invitation à ouvrir le livre du souvenir et du passé pour faire le tri, réexaminer les actes et les idées de l’année dernière, et à en changer les étiquettes, les interprétations.

Au jour de notre mort dirons-nous : « Oui, ce Roch Hachana là, en 5775, en septembre 2014, j’ai pensé de cette façon, j’ai changé de cette façon, et j’ai raison de le faire. » ?

Pour conclure, je vais nous lancer deux défis.

Le premier est de vous vers moi : Venez me trouver, écrivez-moi, et proposez des objections, proposez des éléments « absurdes » de notre tradition et voyons si nous y trouvons une sagesse cachée.

Le deuxième défi est de moi vers vous, vous trouverez à l’entrée des feuilles avec des versets qui sont la guématria de 5775, prenez-les et essayez de trouver le maximum de « divinations » positives et négatives concernant l’année à venir.

Jouez à être Bar Hédia, et appropriez-vous cette souplesse d’esprit que nous enseigne le Talmud.

Vous trouverez sur cette feuille des expressions dont la valeur numérique représente l’année à venir.

Pourrez-vous les interpréter en bien, et pourquoi pas aussi en mal, comme bar Hédia, et vous faire ainsi mieux connaissance avec la puissance de l’interprétation ?

Le verset suivant caractérisera-t-il selon vous l’année 5775 et de quelle façon : « Ses membres, tout pleins encore de vigueur juvénile, se verront couchés dans la poussière », (job 20 :11) ?

Peut-être préférerez-vous essayer d’interpréter les mots: «  La justice fleurira ensemble » extrait de Isaïe 45 :8

Vous pourrez également en discuter à la table familiale, vos enfants et amis se prendront peut-être au jeu, et je vous invite à partager vos trouvailles en ligne sur le site poursurmelin.wordpress.com.

Nos rêves et nos actes suivent l’interprétation que nous en donnons.

Un rêve non interprété est comme une lettre non lue.

Roch Hachana nous invite à ouvrir notre courrier en retard, nos messages cachés à nous-mêmes, nos rêves, nos souvenirs, nos actes.

Les circonstances ne nous font pas, ce sont nous qui interprétons les circonstances.

C’est ainsi que depuis 3000 ans, malgré les dures réalités de l’histoire, nous, peuple juif, sommes rôdés à gagner les concours de circonstances.

Nous avons eu des circonstances particulièrement difficiles cette année.

C’est pour penser à ce que nous pouvons faire de l’actualité en tant qu’individus en tant que famille et en tant que communauté, qui nous avons besoin de nous réunir.

Que les circonstances concourent à notre bonheur cette année !

Alors entraînons-nous encore un peu, à gagner ensemble, les concours… de circonstance !

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Liens vers ce qui n’a pas pu être dit ici:

http://www.larecherche.fr/savoirs/dossier/a-quoi-sert-interpreter-reves-01-07-2011-78744

Cliquer pour accéder à dbanon.pdf

Ouverture des inscriptions pour la vie, demain à 18h45!

En cette veille de Roch hachana, nous sommes presque prêts à accueillir le renouveau de l’année.
La synagogue s’est déjà habillée de blanc, le blanc de l’espoir, le blanc de la joie, le blanc aussi qui nous rappelle l’ouverture d’une nouvelle page dans nos vies.

Demain, nous serons nous-mêmes vêtus de blanc, de ce blanc qui dans notre tradition est aussi la couleur du deuil, et nous rappelle que nos vies ont une fin, et qu’en ce sens, nous risquons effectivement notre vie à Roch Hachana.
Gagnerons-nous une année de vie, par notre volonté d’investir cette année de tout son potentiel? Ou perdrons-nous une année, incapables d’en valoriser le bien et de cloisonner l’impact des difficultés?

Réussirons-nous à intégrer toutes les nouvelles connaissances acquises l’an dernier ?
Les connaissances intellectuelles bien sûr, mais aussi les connaissances humaines… Saurons-nous attribuer leur juste place aux événements du passé ?
Que nous dit le passé de ceux que nous sommes ? Nos « échecs » furent-ils des échecs ? Nos « réussites » de vrais succès ?
Avons-nous déjà compris le sens de nos erreurs ou reste-t-il encore du chemin à accomplir ?
Ces questions, nous nous les posons à nous-mêmes, et nous nous les posons mutuellement à Roch Hachana. Nous pouvons en parler avec nos proches, nos familles, nos amis, nos enfants, demain soir, devant la table familiale. Savons-nous vraiment quels sont leurs espoirs? Le fait même d’y penser est une projection vers l’avenir, une invitation consciente que nous faisons à tout notre être, une invitation à nous projeter vers le bien.

Si nous cheminons de Roch Hachana, jusqu’à Yom Kipour, de Soukot jusqu’à SimHat Torah sur les sentiers de l’examen du passé et de la mise en place de l’avenir, l’année qui se présentera devant nous demain soir sera, certainement, une année qui comptera dans nos vies.

Espérons que comme Sarah notre mère nous pourrons dire que chacun des jours de notre vie aura compté de façon pleine et entière.

Soyons prêts à ces jours tissés d’une joie si profonde, par le fait même qu’ils sont redoutables.

Prêts à rentrer dans une nouvelle année, nous, nos proches et nos communautés.
Léchana tova tikatévou ! Faites-vous inscrire pour une année excellente !